L’Évangile a casa 63: Luc 9, 51-62

L’Évangile a casa 63: Luc 9, 51-62

Vengeance, zèle, condition, attachement… A priori, des mots qui n’ont rien à voir les uns avec les autres… Il me semble qu’ils résument – comme des «sous-titres» – l’Evangile de ce dimanche. Comme des axes, ils nous permettent de nous (re)situer:

Où en sommes-nous quant à notre esprit de clan – «nous» contre «eux»? Quid de notre (peut-être un peu démodé) «On s’téléphone, on s’fait une bouffe» qui n’a jamais de suite? Que dire de notre liste de «Attends, s’il y a ça ou ça…»? Et nos attaches, «désordonnées» selon Saint Ignace de Loyola quand elles nous rendent plus libres…?

Comme quoi, des «bouts» de vie, quotidienne, humaine, qui sont rassemblés par l’évangéliste Luc pour nous permettre de faire le point face au Christ. Car ce sont Ses réponses qui inspirent…

Et ça commence par une réprimande! Contre l’esprit de «club privilégié» que Jacques et Jean semblent avoir développé vis-à-vis des… étrangers. Les Samaritains sont le contraire des Juifs, pour… les Juifs: impures, mesquins, compromis… Leur non-réception des messagers pourrait-elle être aussi interprétée de leur part comme un respect des règles juives de non-promiscuité avec l’étranger? Les disciples, eux, ont conclu à de l’inimitié, et décident de la leur faire payer le prix fort… Comme quoi, il y a toujours diverses façons de traduire une parole ou un geste – 4, nous disaient nos formateurs…

Zèle, primesautier et entier, presque comme un amoureux ou une amoureuse, un élan primordial bienfaisant envers le Christ… que Jésus ramène à Sa réalité: Il n’a pas de maison, de demeure, de terrain; Il vit de la Providence, littéralement… De quoi refroidir les ardeurs juvéniles d’un.e croyant.e qui n’a pas mûri dans l’analyse de ses mouvements intérieurs…

Condition. Ah, les conditions, ces fameux si! Ou ces «d’abord», qui ne résistent pas à l’appel du Christ: ou on Le suit, ou pas! Radicalité qui fait entièrement confiance, même au détriment des règles d’usage concernant le plus sacré – enterrer son père est LE devoir du croyant biblique… Et pourtant, Jésus passe outre: il réoriente littéralement son écoutant…

Attachements. Aux gens de ma maison… Comment même se dire que la suivance du Christ demande que nous mettions nos êtres les plus aimés juste après Lui; ou plutôt, que nous L’invitions entre elles, eux, et moi. Car Dieu est Dieu… Et quelle liberté me laisse le fait d’aimer autrui? Car seul le Christ me rend pleinement libre… Oui, exercer la bonne distance avec «les gens de ma maison» peut garantir une écoute première du Christ dans ma vie…

Comme quoi, ces 4 mots du quotidien tricotés ensemble dans cette péricope nous permettent de méditer ad libitum…

Bonnes vacances !

Thierry Schelling