L’Évangile a casa 67: Luc 16, 19-31

L’Évangile a casa 67: Luc 16, 19-31

Lazare et un anonyme. Un riche et un pauvre. Un vêtu et un nu. Un bien portant qui festoie et un couvert d’ulcères. Et entre eux, des chiens…

Un conte, une parabole, une de ces histoires où il faut attendre la fin pour en avoir la pointe, le sel: «S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts: ils ne seront pas convaincus.»

Jésus le Ressuscité n’est pas tombé du ciel un soir d’hiver (ou d’été, ou d’automne, ou de printemps, puisqu’on ignore sa date de naissance). Il est le produit d’une histoire, celle de Marie et Joseph – et de leur clan – d’une part, et celle de toute l’humanité de l’autre. Et le Premier Ressuscité, évidemment, doit troubler les croyant.e.s: toute innovation dérange souvent au prime abord…

Lazare symboliquement cherche – une fois encore – une preuve de ce que l’on avance: la résurrection. Au lieu de méditer patiemment les Ecritures, de répéter les psaumes, de décortiquer la langue des sages de Genèse ou Exode, il préfère de l’immédiat: une preuve! Qui plus est, «quelqu’un de chez les morts [qui] vienne les trouver.»

Au lieu de servir le pauvre à sa porte – on ne parle donc pas de pauvres là-bas, mais sur son seuil! –, d’y être attentif par mille et un moyens de l’assister, l’accompagner, le soigner, lui partager gratuitement ce que Lazare a, il passe à côté et réclame, une fois mort, une preuve de l’au-delà… alors qu’il avait l’occasion au quotidien et sur le pas de sa porte, de vivre et faire vivre la résurrection à un mendiant – on ne parle même pas de plusieurs, mais d’un seul!

Cet évangile met en garde que c’est ici et maintenant, au seuil de ma journée, que le paradis se construit – ou l’enfer!

Cet évangile invite à relire inlassablement les Ecritures pour non pas en faire des règles morales figées et à appliquer coûte que coûte, mais pour y discerner le travail de Dieu de notre pâte humaine pour éclater dans son chef d’œuvre, Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu – dans le sens de pleinement homme et pleinement Dieu.

Cet évangile joint la parole au geste, l’avoir au partage, l’attention à la solidarité: sans bruit, modestement, fidèlement.

Et ce sera déjà Résurrection pour soi-même et pour autrui!

Thierry Schelling