L’Évangile a casa 89: Jean 11, 1-45

L’Évangile a casa 89: Jean 11, 1-45

«Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare.»

Tout est dit, en quelque sorte. Si Jean s’évertue à marquer l’équation entre Dieu et Jésus, il ne rechigne pas à souligner son humanité: fatigué au puits de Jacob, crachant sa salive dans de la terre pour en faire de la boue, ou, comme ici, aimant un trio familial comme des ami.e.s.

«Agapao», en grec: «traiter avec affection, aimer, chérir (ses enfants), aimer d’amour, avoir une préférence pour», nous renseigne le Gaffiot (dico de grec). Ainsi donc, Jésus a été tellement humain que lui aussi a eu des ami.e.s, trois en l’occurrence, qui ne sont pas du même registre que ses apôtres, ses disciples, ses coreligionnaires, sa famille… Pleinement humain, Jésus a eu ses préférences humaines. Comme nous, qui avons des connaissances – souvent par centaines – mais peu d’ami.e.s fidèles, gratuits, sans philtre et juste bienfaisants et bienveillants (ce qui ne les empêche pas de nous remonter les bretelles parfois!).

Ce qui caractérise cette amitié du trio avec Jésus, c’est qu’il y a dialogue direct, sans ambages: «Si tu avais été là….» contrebalancé par une incroyable confiance: «Je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, il te l’accordera.»

Ensuite, les échanges portent plutôt sur la vie et la résurrection, que sur la mort. On y apprend que Jésus participe au deuil collectif et y annonce la résurrection; mieux, il s’annonce, lui, comme la résurrection! Plus rassurant qu’un concept, c’est Lui qui dit qui l’est, comme dirait l’autre!

Ce deuil et cette ressuscitation (pas tout-à-fait pareille que la résurrection) sont vécus publiquement. Le bienfait d’être ensemble dans les joies et les peines est souligné par l’évangéliste. Loin de nos «obsèques dans la stricte intimité»…

La résurrection, qu’est-ce? Peut-être qu’on peut la résumer par cette parole de Jésus: «Déliez-le et laissez-le aller.» Oui, nous, ressuscité.e.s puisque baptisé.e.s, sommes appelé.e.s à délier autrui et le ou la laisser aller… Malgré les résistances que ces bandelettes ou un entêtement mental ou une tradition peuvent offrir, délier. Puis laisser aller: ne pas retenir, ne pas faire entrer dans mon mode de pensée, de prier, de servir, mais laisser aller. Libre. Il y a des morts au cours de notre vie qui sont libératrices… Une chose est sûre: la mort, passage vers la résurrection, rend libre. Finalement. Définitivement. Belle perspective à venir…

Thierry Schelling