«Moi, je suis le pain vivant.» Etrange comparaison entre une personne et… l’aliment de base du pourtour méditerranéen – le pain. Et l’on comprend que l’on se querelle à propos de cette expression et de son interprétation: «Comment peut-il nous donner sa chair à manger ???»
N’allons pas trop vite dans le dédain de qui n’a pas bien compris alors… car je me demande si aujourd’hui, on comprend mieux. Oh, certes, les chrétien.ne.s ne sont plus accusé.e.s de cannibalisme, comme aux premiers temps, et théoriquement, la notion de «sacrement» s’explique… Mais les conséquences sont-elles claires? Car Jésus, Lui, l’est: «SI vous ne mangez pas ma chair, vous n’avez pas la vie en vous !»
Communier à une hostie et un peu de vin consacrés nous fait effectivement entrer en intimité avec Celui que nous appelons le Ressuscité. Et c’est dans Son Esprit que l’on peut communier: ce même Esprit qu’on invoque sur les espèces (pain et vin) est Celui qui a conduit Jésus à la Résurrection… C’est le souffle de l’Amour du Père pour le Fils, c’est cette symbiose entre eux deux, cette connaturalité entre eux deux, leur intime intimité…
Et Dieu a tant aimé le monde qu’Il nous partage cette intime intimité: en nous faisant manger pain et vin consacrés non seulement en mémoire des gestes et paroles de Jésus le dernier jeudi de Sa vie terrestre avant la croix, mais également nous Le rend présent puisque c’est le même Esprit que nous appelons et qui a agi dans Sa vie…
Spirituellement, je tente une image: un baiser entre deux amoureux est un échange intime non seulement chimique mais également sentimental… C’est une immense marque de confiance, un signe de fidélité, une promesse pour demain et tous les jours de la vie commune, et est réservé à une étape importante de la relation: quand les deux personnes, esprits, mentalités, caractères, s’accordent à dire qu’on peut s’embrasser ainsi désormais…
Eh bien, dans le même ordre d’idées, la communion a quelque chose à voir avec ce baiser entre amoureux… Manger, dans la Bible, est un des signes externe d’intimité permis par la Loi…et interdit pour les pécheurs, les ostracisés, les non-méritant: c’est pour cela que Jésus passe du temps à table avec celles et ceux avec qui Il ne devrait pas !!
Oui, Dieu offre Son intimité dans le respect de notre envie et désir de nous y associer; mais alors, si l’on mange sa chair et boit son sang, si l’on communie au Corps et au Sang du Christ, alors on embrasse tout l’esprit de Jésus pour qu’il imprègne notre agir et notre penser, notre dire et notre faire – mieux encore, notre être tout entier. Comme quand des amoureux qui s’embrassent augurent d’une toujours plus grande intimité…
Thierry Schelling