L’Évangile a casa 106: Matthieu 22, 15-21

L’Évangile a casa 106: Matthieu 22, 15-21

Les flagorneurs: «Tu es toujours vrai, tu enseignes le chemin de Dieu en vérité, tu ne te laisses influencer par personne et tu ne considères pas les gens selon l’apparence».

Magnifique florilège, que ce descriptif de qualités humaines enviables! Et tout est vrai! Jésus est décrit en vérité par ces pharisiens. Ce qui est regrettable, c’est qu’au lieu de se réjouir d’avoir trouvé un tel maître, un tel homme parmi eux, ils veulent le piéger! Comme l’humain sait salir l’authentique avec son égocentrique réflexe de pinailler, argoter, pointer d’un doigt le détail qui va prouver que non, ce n’était pas si bien que cela…

Là, c’est le piéger «en le faisant parler». Se jouer de la parole de Jésus, prendre en faux la Parole de Dieu, il n’y a qu’un pas entre les deux, que les Pharisiens, si sûrs d’eux, franchissent – avouons-le quand même – plutôt courtoisement. Mais le cœur n’y est pas. Et ça, Jésus le sent, le sait, tout de suite! Il les résume bien: «Hypocrites!»

Et de retourner leur question par une autre question: «de qui sont ces effigie et inscription? » Il va, Lui, les piéger, dans le fond – c’est l’arroseur arrosé.

Ce qui est triste, c’est que plutôt de se faire de ce Jésus si vrai et indépendant, de ce Jésus si libre, un ami, ils veulent le pervertir – le tourner dans le mauvais sens – pour pouvoir le manipuler. Car les pharisiens eux, ne sont pas toujours vrais, n’enseignent pas toujours le chemin de Dieu en vérité, se laissent influencer par autrui et jugent selon l’apparence. Il s’agit en fait de la part de l’évangéliste Matthieu d’établir un carnet de santé du Pharisien-type – et les récits des évangiles illustrent tous ces qualificatifs peu aboutis pour des experts et défenseur de la Torah…

Enfin, le couperet tombe, raide: César n’est pas Dieu, et Dieu n’est pas César. Le lien à Dieu – la religion – est indépendante de la politique, voire de la culture (César est romain) et de l’économie (une pièce de monnaie est au centre de ces échanges). Paradoxalement, le sens de la religion est exactement l’énoncé de Jésus par ses détracteurs: «Être toujours vrai, enseigner le chemin vers Dieu en vérité, ne se laisser influencer par personne et ne pas juger selon l’apparence.» Magnifique dessein de se lier à Dieu qui nous libère, et de se détacher des tractations et magouilles par trop terrestres que peut engendrer une certaine façon de pratiquer la religion… Vraiment, Jésus nous libère de la … religion, création humaine, pour nous attacher à Lui sans ambages, ni moquerie, ni manipulation, ni sectarisme, ni superficialité…. Tout un programme de sanctification!

Thierry Schelling