L’Évangile a casa 121: Jean 3, 14-21

L’Évangile a casa 121: Jean 3, 14-21

«Car Dieu a tellement aimé le monde…»

Tout est dit. Tout est à dire et à redire: le moteur de la vie de Dieu, c’est son amour pour notre monde. Pour nous, les êtres vivants. De la planète au dernier nouveau-né. Du macrocosme au microcosme.

Qui plus est, quand on aime, on veut donner, offrir, régaler: «… que Dieu a donné son Fils unique…». Quoi de plus précieux pour un être aimant que celle ou celui qu’il aime passionnément. Comme un parent aime ses enfants. Et réciproquement. Du moins dans les familles où tout se passe bien…

Mais de fait, aimer, c’est donner. Dans la confiance que l’autre accueillera ce cadeau fait du fond de son cœur. Mieux: du fond de ses entrailles, car il s’agit de son Fils. Le don suscite, entretient, nourrit la confiance réciproque entre les êtres vivants – ça marche aussi avec son animal de compagnie, voire avec les plantes (demandez à un herboriste !).

Du coup, on ne se situe plus en rivalité l’un.e (celle ou celui qui offre) et l’autre (celle ou celui qui reçoit), mais dans une constructive solidarité: «…afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle», continue Jean. Oui. L’amitié vraie, le donnant et le don réorientent la vie des deux protagonistes, pas juste réciproquement, mais tous les deux vers le même…orient: «la vie éternelle». Qu’est-ce si ce n’est l’étape sublime de notre accomplissement, de notre authentification, de notre résurrection ?

Pour ce faire, une seule «condition»: la confiance, l’espérance et l’amour, qui sont toutes trois des vertus – des forces – et des vecteurs – des moyens – pour «être sauvé», pour reprendre l’Evangéliste. Ce n’est plus la catégorisation, la compartimentalisation qui assurent du bonheur – «…non pas pour juger le monde…» – mais bien l’abandon au reçu de Dieu: «que le monde soit sauvé !» et le laisser-faire par son Esprit.

La religion, qui est lien, n’est plus affaire de faire d’abord, mais bien de recevoir, et ensuite d’agir. La Pâques qui approche peut être à nouveau une belle expression liturgique de la foi des croyantes et des croyants: il nous serait plus utile de la vivre comme un don, une fois encore, du Dieu de Jésus-Christ dans notre existence concrète où liens et «dé-liens» nécessitent régulièrement un (re)tressage…un rôtissage ?

Jean, lui, parle de «venir à la lumière», comme la couturière approche son ouvrage de la flamme ou de l’ampoule pour mieux voir l’entrelacement de ses fils de vie et, de ses doigts habiles, serrer et desserrer là où c’est encore disharmonieux…

Thierry Schelling