L’Évangile a casa 123: Rameaux

L’Évangile a casa 123: Rameaux

…et Semaine sainte. Pourquoi celle-ci, «sainte», le serait plus que les 51 autres en 2024?

Ou peut-être qu’elle est ze semaine où l’on essaye de se décentrer de soi pour focaliser sur Lui: acclamé, trahi, entouré, lâché, arrêté, reconnu, emprisonné, affamé, assoiffé, flagellé, raillé, outragé, épuisé, cloué… «et tout est accompli».

Accompli? Dans le sens de «fini» ou de «ça commence avec Toi» (comme le chantait Piaf !). De même que Christ est venu accomplir la Loi, pour lui donner sa vrai orientation – vers la liberté, la joie et la sobriété –, le Christ a traversé ces étapes douloureuses pour «accomplir», c’est-à-dire réorienter nos vies.

Le risque de nos célébrations de Pâques? En faire du folklore. Se raidir au moindre changement – «c’est pas comme d’habitude!» –, en rester à l’apparent décorum… puis retourner chez soi et se repaître de ses habitudes inamovibles, inconvertibles, juste couvertes temporairement d’un sucré glaçage… qui craquèle à la moindre contrariété! Et continuer à ne pas se laisser ouvrir comme un tombeau trop celé de par nos assurances trop assurées!

Le vrai risque de nos célébrations de Pâques? Que le Chemin du Christ, mort et résurrection, devienne ze critère pour jauger ma vie, chaque jour (et chaque nuit) que je traverse, et que même les pleurs, les griffures, les coups bas, les mensonges, les trahisons, les insultes prennent place dans ma vie – comme elles l’ont été dans celle du Christ – comme signes que je suis… sur le bon chemin! «Dans tes blessures, cache-moi», dit Ignace de Loyola dans son Âme du Christ (texte ci-après).

Car malgré la haine, la destruction, le mal qui éclatent de ci de là, Il y a toujours un lendemain, un après, un «matin». Même dépitées, les femmes aux onguents cheminèrent vers la tombe… Même apeurés, les disciples, repentis, cheminèrent aux quatre coins du monde pour proclamer: «Il n’est pas ici, Il est vivant, Il vous précède!» Même le Romain qui le gardait chemina: «Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu»…

Même le Christ s’est remis en chemin post mortem. Vivant, autrement. Intime, vraiment. Puissant, en tendresse infinie pour nos étroitesses et nos superficialités.

Thierry Schelling

Âme du Christ, sanctifie-moi.
Corps du Christ, sauve-moi.
Sang du Christ, enivre-moi.
Eau du côté du Christ, lave-moi.
Passion du Christ, fortifie-moi.
Ô bon Jésus, exauce-moi.
Dans tes blessures, cache-moi.

Ne permets pas que je sois séparé de toi.
De l’ennemi perfide, défends-moi.
À l’heure de ma mort, appelle-moi.
Ordonne-moi de venir à toi, pour qu’avec tes Saints je te loue, toi, dans les siècles des siècles.
Amen.

Ignace de Loyola dans son Âme du Christ