L’Évangile a casa 109: Matthieu 25, 31-46

L’Évangile a casa 109: Matthieu 25, 31-46

Splendide incarnation de notre mission !

Il y a un parallèle des thèmes et des missions entre les Béatitudes (chapitre 5) et cet extrait vingt chapitres plus tard dans l’évangile de Matthieu.

En effet, les Béatitudes décrivent des situations de vie sans pouvoir (tristesse, douceur, persécution…) et là, dans cette parabole dite du Jugement Dernier, on n’a plus de souhaits («Heureux êtes-vous quand vous vivrez ceci ou cela») mais des faits: la soif, la faim, le fait d’être étranger, la nudité, la maladie, la prison… Et de nouveau, des situations de non-pouvoir! Mais surtout, c’est la réaction juste face à ces besoins qui est mise en avant!

En effet, le «Roi» – comprendre Dieu – relit nos actes, regarde en arrière, et nous avec Lui, pour relever combien nous avons mis en pratique ce que Jésus nous demande de faire, de vivre. Ou pas…

Ce qui est intéressant, c’est en fait l’interrogation du premier groupe: «Quand t’a-t-on vu assoiffé, affamé, nu, etc.?» Ce sont celles et ceux qui font encore la dichotomie, la séparation, entre, d’une part, la foi, la religion, la piété, la spiritualité, et de l’autre, le monde alentour, les gens, les voisins, les proches, l’humanité.

C’est le danger de la religion: au lieu de nous convertir – nous tourner vers autrui et vers Dieu –, elle nous pervertit, elle nous détourne et nous sépare de notre environnement pour nous cacher dans les volutes d’encens et les mantras envoûtants…

Ainsi, aimer, louer et servir Dieu, certes, passe par la liturgie. Mais trouve son apogée dans le service envers les nécessiteux. Et c’est à la portée de la croyante, du croyant lambda: donner à manger et à boire, des vêtements; rendre visite aux malades et aux prisonniers (bon, ok, en Suisse, c’est compliqué…); accueillir l’étranger. Rien de compliqué.

Et Dieu s’identifie aux plus petits de «Ses» frères (et sœurs!). Oui, Ses frères et sœurs sont les assoiffés, les affamés, les nus, les étrangers, les malades et les prisonniers. Ce ne sont pas les pieux, les priants, les pharisiens, les doctes, les lettrés, les savants…

Car, depuis le Christ, connaître Dieu non seulement n’entraîne pas la mort – comme le décrivent maints épisodes de l’Ancien Testament – mais maintient en vie en se mettant au service d’autrui. Connaître Dieu ne nécessite pas de la théologie mais un engagement d’amour simple, quotidien, ordinaire, à l’encontre de qui a besoin. Oui, agir ainsi, c’est co-naître à Dieu…

Thierry Schelling