«Restez éveillés».
N’est-ce pas le meilleur conseil que le Christ peut nous redire en ces temps présents, mêlés de joies prochaines (Noël, cadeaux, mon anni…) et de guerres présentes?
«Restez éveillés.» Pour attendre. Est-ce que Dieu semble absent, comme parti en voyage? Et si l’absence apparente de Dieu est là pour nous permettre de prendre toute notre place? Car Dieu a «donné tout pouvoir à ses serviteurs»! On l’oublie, mais la discrétion de la Résurrection contraste avec le pouvoir que nous avons, nous les baptisés, et plus large, les femmes et les hommes de bonne volonté: celui de faire la différence autour de nous, dans les petites choses, auprès du prochain qui croise ma route, et dans ma relation personnelle avec le Christ. Comment?
Par notre veille, notre vigilance, notre attention, notre écoute, notre connexion à notre environnement naturel et humain, et la persévérance de ces dispositions dans notre quotidien, quels que soient les remous qui le secouent. En quelque sorte, par cette attitude de «portier», comme le note l’évangéliste, nous prenons notre place dans le monde, nous faisons advenir le Royaume…
La vraie religion, c’est ce care, cette sollicitude pour autrui et nos environs; la fausse religion, c’est celle qui nous endort sur nos acquis… D’où la vigilance de chaque jour: aujourd’hui, par mes actes, mes paroles, mes gestes, ma présence, mes silences, ai-je fait advenir Dieu parmi nous, ou pas?
C’est le paradoxe de notre Dieu: pleinement présent, agissant, efficient… et libre de s’effacer pour nous laisser complètement actrices et acteurs du Royaume à faire venir. Dans un partenariat plein de tendresse, de complicité et de discrétion. Dans une simplicité à l’image de son lieu de naissance sur terre, ou de celui de la Résurrection de Son Fils.
Attention: l’attitude de base n’est pas l’hyperactivité, l’agitation à tout vent, ni même la réussite absolue. Nous ne sommes pas les messies. Nous ne sommes que l’image et la ressemblance de Dieu… Non. L’attitude fondamentale, c’est la veille. D’ailleurs, le dernier mot de cette péricope, c’est bien «Veillez !».
Mais une veille… éveillée: une veille active, reliée à ce et celles & ceux qui nous entourent au travail, dans la rue, le bus, par les moyens de communication (TV etc.). Les «sentir» au sens du mot chez Saint Ignace de Loyola. Et ainsi devenir liant et lié, libérant et libre. Le sens même du mot «religion»: lien. L’Avent est ce temps donné pour s’y exercer encore une fois. Car bientôt, un signe nous sera redonné à notre méditation: un bambin dans une mangeoire… N’est-ce pas auprès d’un poupon que l’on apprend à … veiller?
Thierry Schelling