Un texte dit de la «Transfiguration». Pendant la prière, le visage de Jésus devient «autre» et son vêtement, «blanc lançant des éclairs»… Loin de mettre en scène, comme au cirque, ce temps de prière exceptionnel, Luc décrit dans le fond ce qu’est la prière, et ses effets.
«Vers la montagne». Pour prier, on se prépare un lieu, un temps, et on s’extrait du quotidien – la plaine – pour rejoindre le calme et le silence comme au sommet d’un mont.
«Son visage devint autre». Prier détend les muscles de notre faciès, de notre corps, de notre être; détend tout court, et cela nous permet de devenir «autre». On dispose son corps pour prier.
«Deux hommes s’entretiennent avec lui». Moïse et Elie sont là, représentant la Loi et les Prophètes, donc la quintessence de la Première Alliance (ou Ancien Testament). La prière est dialogue, échange, avec Dieu, mais aussi nos défunts vivant en Lui; dialogue avec notre vie, échanges sur ce qui nous arrive: «ils parlent de son départ…».
«Accablés de sommeil». Prier n’est pas facile : distraction, endormissement, fatigue, lassitude… Mais «restant éveillé», on peut avoir au moins l’intention de vouloir prier… Offrir ses ratés alors qu’on voulait prier est aussi une humble… prière.
«Il est bon que nous soyons ici!» La prière qui mûrit au cours des âges doit avoir cet aspect de bien-être, de bonté, lié à l’exercice: il est bon d’aimer prier, de vouloir prier.
«Une voix se fit entendre». La prière n’est pas juste MA prière mais c’est également le lieu et le temps pour Dieu de me parler, de me dire, de me faire comprendre, découvrir, entrevoir ce que Dieu veut me dire.
«Il n’y avait plus que Jésus, seul.» Voilà: la prière qui chemine conduit petit à petit, pas à pas, vers… Jésus seul. Un face à face, un tu à toi, un « tous les deux », parfois même dans un silence où le regard est parlant… «Les disciples gardèrent le silence». Un fruit de la prière est certainement la place du silence dans notre quotidien, dans notre vie, dans notre… prière également. S’y tisse également cette intimité avec le Seigneur qui n’a pas d’égale…
Thierry Schelling