L’Évangile a casa 101: Matthieu 18, 21-35

L’Évangile a casa 101: Matthieu 18, 21-35

Dialogue, conseil, parabole.

Un schéma du mode d’expression de Jésus pour ses disciples.

Pierre ose la question, il «s’approche de Jésus pour lui demander». Ce n’est pas une prière, c’est une question. Dans un dialogue entre deux personnes. Un peu comme de l’élève au maître, comme de l’ami à l’ami.

Puis Jésus déclare que le pardon est illimité. Mais il utilise la numérologie biblique: 7, 70, et les multiplie l’un par l’autre, ce qui fait 490 fois! 490 fois pardonner, cela fait peu, cela fait beaucoup, suivant les caractères humains, les circonstances, les contingences. Mais c’est… «illimitude» (7) fois «plénitude» (70).

Le 7 du récit de la Création – et dont les 7 jours de notre semaine résultent – et le 70 de tous les notables du peuple d’Israël ou les 70 disciples envoyés par Jésus pour la mission – ce fut pendant longtemps le chiffre maximal de… cardinaux !

Puis la parabole qui met en scène les risques à ne pas pardonner son frère (ou sa sœur). Et de rappeler que ce qui se trame entre deux êtres humains est un miroir de ce qui se tisse en Dieu et une personne, parfois en miroir, parfois en porte-à-faux, parfois en contraste. Mais les deux membres du binôme toujours liés.

Mais le pardon illimité ne signifie donc pas que tout est permis parce que tôt ou tard pardonné. Au contraire. La vie doit être vécue en vérité, et en vérité, parfois, je blesse, je lèse, je trompe, je louvoie… au moins avec autrui, et si avec Dieu, gardons-nous de croire que Dieu ne voit pas ! Et… que Lui aussi pardonne.

Non pas « si » mais « quand ». Quand je pardonnerai, cela veut dire que j’aurai cheminé au travers d’étapes où l’Esprit de Dieu aura sa place, et me permettra d’imiter Dieu. Oui, car je crois que cet Evangile nous invite à imiter Dieu !

On n’y croit pas: on préfère rabâcher (se complaire dans?) le dolorisme des siècles passés – on est pécheurs, gnagnagna avec presque une sorte d’assurance de médiocrité presque satisfaisante – et ainsi perpétuer un Vendredi Saint, plutôt que de célébrer la Vigile, l’annonce de la Résurrection, la Vie après la mort – et donc … pardonner, et/ou recevoir le pardon.

Oui, la Bonne Nouvelle a encore de beaux jours devant elle, pardon, devant toi, lectrice, lecteur ! Oui, ton baptême t’invite à imiter Dieu… ni plus ni moins. Le crois-tu ?

Thierry Schelling