« …pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. »
Tu m’étonnes : comprendre et – pour les premiers disciples, vivre en direct – la personne de Jésus, crucifiée, morte, ensevelie et ressuscitée, n’a pas dû être facile du tout du tout ! Le sens de ces événements – comme essayaient de se l’expliquer les disciples d’Emmaüs – restait bien ténébreux. La déception prévalait, la tristesse aussi, et certainement pour certain.e.s un peu de désillusion : on avait cru comprendre et bah non !
Ayant parlé, Jésus aurait pu en rajouter. Mais Il a compris qu’il fallait que ses disciples passent par le sentiment d’échec, mais également par la trahison, par le vide, par la colère peut-être, par le « dégrisement » après l’euphorie de la venue du Royaume en personne… En ce sens, Jésus leur permettait d’ouvrir tous les aspects de la réaction humaine à la lumière de Sa parole, que féconderait Son esprit, comme le levain dans la pâte…
« Quand il viendra… » C’est donc que la caractéristique de l’Esprit Saint, c’est de … venir. Certes, la Pentecôte fête solennellement cette venue, mais ce n’est pas une fois pour toute ! L’Esprit par nature vient… C’est le « venant », le « tout-venant », l’ « allant-venant ». C’est le mouvement entre Dieu la source, et moi, le réceptacle. C’est le liant entre le Père et le fils ou la fille que je deviens, à l’instar du Christ – ni plus ni moins – en me laissant convertir, détourner, retourner, tourner par l’Esprit. Puisque le baptême me configure au Christ…
Si l’esprit vient, c’est donc qu’il convient de l’appeler, de le solliciter, de le demander, de le prier, de s’y connecter… Ce qui est pratique, c’est que l’Esprit est partout, tout le temps, disponible, actif, vivant ! S’il y avait une chose à comprendre à la Trinité, c’est que Dieu est à portée de main, de cœur car Esprit. Dieu est Esprit et vérité, à célébrer comme cela, explique Jésus à la Samaritaine : « Ce n’est plus sur votre montagne ou dans notre Temple, mais bien en esprit et en vérité. »
On a confondu le sens de « Dieu est vérité » avec asséner aux autres « pas comme nous » nos vérités : de foi, de culture, de langue… Alors que qui invoque Dieu en esprit, et qui invoque Son esprit, à l’aune de Sa Parole (l’Evangile, donc, mais pas que, toute l’Ecriture en quelque sorte), fait la vérité en soi, trie, ordonne, réordonne, et se débarrasse de l’inutile, du faux, du lourd – sûreté de soi, snobisme religieux, assurance d’avoir la vérité alors que c’est Dieu qui est vérité… Oui, l’Esprit nous convertit, tout comme Il a converti le Fils qui a accepté d’aimer jusqu’au bout les siens…
Thierry Schelling