Entre malice et habileté.
La parabole du gérant malhonnête doit nous faire saisir, à sa façon, que le style et le fond chez Jésus peuvent parfois surprendre aujourd’hui, alors que jadis, c’était OK de le dire ainsi pour faire comprendre que.
En effet, qui aujourd’hui oserait la comparaison entre les malhonnêtes dans notre société – mondes bancaire, politique, économique, et même ecclésial ! – et la possibilité de tout de même être cité en exemple ? Les journaux boivent ces scandales que nous lisons au matin, café en main (en tout cas moi !).
Mais ce que j’aime chez Jésus, c’est son côté…trouver Dieu en toute chose, en tout être, même dans l’exemple de tricherie ! Car cela me dérange. Et donc, je dois méditer sur ce passage plus que d’autres.
La quintessence de cette parabole tient dans le « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière ». Et de renchérir : « Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête » ! En d’autres termes, tout peut être prétexte pour un mieux ensuite, pour autant que l’on garde le cap : « on ne peut servir à la fois Dieu et l’argent…
Fondamentalement, devant les marchands du Temple, comme au sein de l’économie locale de son coin de terre, Jésus se confronte au pouvoir de l’argent, même illusoire, qui ronge le cœur de son vis-à-vis humain… Il a cerné les affres qui en découlent, et a choisi lui-même de dépendre de la générosité de Jeanne (et d’autres riches) pour vivre et faire vivre sa troupe de disciples itinérants. Il a dénoué le piège de l’impôt à César en traçant une limite claire – et là, avec la duperie, il continue à organiser sa vision du rapport entre Dieu et Mammon : God first ! En tout, pour tout, et avec tout !
Si bien que le disciple, me semble-t-il, peut espérer que même au-delà du mensonge, il y a à gratter pour ne pas rester planter là, abasourdi, et chercher à réorienter ce mauvais coup vers quelque chose d’utile : devenir plus rusé, comme un serpent, et rester innocent, comme une colombe.
Chrétienne et chrétien, nous sommes parfois taxés de naïfs parce qu’on n’imagine pas Jésus en colère, violent, excédé, et séparateur du bon grain et de l’ivraie… et pourtant ! L’Evangile est clair : OU Dieu OU Mammon…
Avec habileté, avec dextérité et savoir-faire dans CE monde, pour tenter de toujours tout (ré-)orienter vers Dieu le seul « bien de consommation durable »… Qui a des oreilles, qu’il entende !
Thierry Schelling