L’Évangile a casa 175: Lc 18, 1-8

L’Évangile a casa 175: Lc 18, 1-8

Vers la lecture de l’évangile

« …sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager. »

Ah bah mince : l’auteur donne déjà le but de cette parabole, plus besoin de se demander en vue de quoi Jésus parle-t-il ! On pourrait dès lors résumer le tout par le mot « persévérance ». Ou endurance. Et nous demander : qu’est-ce que Dieu attend de nous, dans le fond ?

Jésus a choisi deux « semblables », quelque part : un juge faux et une veuve harceleuse ; lui,  injuste, ne craignant pas Dieu et ne respectant pas les hommes – un ripou en quelque sorte ! – et elle, casse-pied à souhait ! Mais tous les deux sont en manque : l’un, de justice selon son mandat, et l’autre… de justice aussi, mais comme victime ! Certes, l’issue va être positive pour la veuve : elle obtiendra ce qu’elle veut, à force d’assommer le juge inique ! Jésus démontre que même parmi les imparfaits de cette terre, tôt ou tard, on obtient quand même ce que l’on veut si on persévère, quitte à en devenir plus que désagréable !

A partir de cet exemple au ras des pâquerettes, Jésus regarde ses disciples pour élever leur propre regard vers… Dieu. Avec la question qui brûle leurs lèvres : Quelle type de justice Dieu, le Juge parfait, va-t-il appliquer à nous, ses élus qui prions jour et nuit ? Et donc, quelle prière correcte lui adresser ?

Peut-être que les disciples ont dû maugréer, râler même, voire désespérer un peu – eux qui avaient le Messie en direct ! – de ne pas voir la « justice de Dieu » s’appliquer plus vite que ça ! Et ce, malgré leurs demandes répétitives (en tous les cas de la part de certains).

Alors Jésus les éduque et leur fait emprunter le chemin de Dieu – et non des hommes – pour prendre, pour comprendre, comment Dieu agit. Oh oui, Dieu appliquera et applique sa justice, toujours… mais nous, mais les disciples, les croyant.e.s, croiront-ils/elles que Dieu le fera fidèlement, même si le résultat n’est pas immédiat, probant, ou simplement visible ? Et ce, d’autant plus que l’on aura prié avec insistance peut-être pour cela : « pour la paix », « pour la concorde entre les hommes », « pour la fin de la faim dans le monde »… A vue humaine, le fruit de nos prières n’est pas toujours ce que l’on attend. Peut-être ne formule-t-on pas la bonne prière du coup ? A vue divine, « bien vite » (comme le dit Jésus), Dieu fait justice. Mais il convient d’apprendre à lire comment ! Et Jésus donne une clef : c’est une absolue confiance qui est requise, pour voir Dieu à l’œuvre. Ce n’est pas le miracle, le prodige, la victoire, le gain, qui devraient faire croire que Dieu agit ; c’est uniquement la confiance grandissante, crescendo crescendo, qui permet de ne plus devenir « casse-pieds » avec Dieu, et de faire de notre prière, un acte de foi : Oui, Seigneur, je crois. Et de laisser faire…!

Thierry Schelling