L’Évangile a casa 178: Lc 21, 5-19

L’Évangile a casa 178: Lc 21, 5-19

Vers la lecture de l’évangile

Ha, les belles pierres ! L’humain sait construire du beau, aujourd’hui comme hier – même si de gustibus non disputandum ! Donc, le Temple de Jérusalem devait être effectivement admirable. Et encombré ! Entre les ex-voto (en réalité, des statuettes déposées en offrande de gratitude), les changeurs d’argent et leurs stands, les bœufs, les ovins, les colombes, et leurs enclos (et donc…paille et excréments !), les gens qui vont et viennent – les « fidèles », spécialement aux grandes fêtes…véritable tour de Babel… –, le chœur de chantres psalmodiant régulièrement la louange de Dieu… bref : un sacré brouhaha !

Une impression de solide, aussi, de pérenne. Ce sont les gens qui vont et viennent ; le Temple et son armada, eux, demeurent inébranlables. Sauf que.

Jésus est « le destroyer » ! Ayant jeté tout ce fatras dehors à coup de fouet, ayant invectivé les Sadducéens (en charge du Temple) quant à leur hypocrisie – « vous avez fait de la maison de mon Père un bazar ! » –, il enchaîne : « Tout sera détruit ! ». Mieux : « En trois jours, je le relèverai », précise Jean.

Et comme toujours, on demande un signe. Le signe, plus exactement que « cela est sur le point d’arriver ». Comme si on pressentait que, et en même temps ne voulait pas croire que. Et pourtant…

Rappel : ce texte de Luc, comme Jean, a été écrit APRES la destruction effective du Temple en septembre 70 par les troupes romaines. Comme si, à rebours, en relecture, on tentait de donner sens à l’insensé, à l’impensable.

Luc lie la fin d’une ère – d’une forme de religion en somme, qui tourne et s’alimente par le service du Temple (et ses à-côtés financiers) – et le début d’une nouvelle, à l’encontre de celle-là : guerres, désordres, terreur, tremblements de terre, famines, épidémies, phénomènes effrayants, persécutions, emprisonnements, comparutions au tribunal, mort… Bref : la fin du monde !

Et Jésus, sans détour, rassure : Ne pas se préoccuper, car « c’est MOI qui vous donnerai un langage et une sagesse » inopposables. « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». Stoïcisme absolu du Christ, qui est passé par tous ces désordres, y compris la mort, et qui est ressuscité ! Du coup, Il devient LE défenseur, L’avocat par excellence, LE témoin…

Alors familiarisons-nous avec son langage, sa sagesse, au fil des pages de l’Evangile, pour butiner le pollen afin de produire le miel de notre propre témoignage dans l’adversité…

Thierry Schelling