L’Évangile a casa 180: Mt 24, 37-44

L’Évangile a casa 180: Mt 24, 37-44

Vers la lecture de l’évangile

Ah, Noé, son arche, ses animaux et son Déluge. Une story biblique sous-exploitée, à mon goût, et pourtant fondamental quant à la compréhension des textes bibliques qui vont suivre, et même jusqu’à Jésus : preuve en est qu’il le cite !

Noé, c’est la première alliance renouvelée après la colère de Dieu de voir son œuvre tout abîmée par le comportement humain ! La liberté que Dieu a déposée dans le cœur des hommes a conduit à l’anarchie par égoïsme. D’où l’idée mythique de tout recommencer avec le petit nombre de sauvés : les animaux en couple, et Noé et famille. Et c’est tout : tout le reste doit périr.

Déjà un signe que ce n’est pas le nombre qui compte mais la fidélité à la Parole de Dieu coûte que coûte littéralement. Intéressant de noter que la nature est incluse dans ce sauvetage – bien sûr, au Déluge, les poissons se sont bien marrés !

« Comme au temps de Noé », explique Jésus, « ainsi de la venue du Messie ». L’ordinaire de la vie sans se soucier de l’environnement biologique et humain conduit à l’assèchement de la vie… paradoxalement inondé, immergé dans les tonnes d’eaux destructrices. Les eaux, symbole de vie, symbole de mort, symbole du passage des Hébreux de l’Egypte à la Palestine, symbole du baptême…

La « venue du Fils de l’homme » est aussi un temps d’épreuve : jadis, pour qui décidait de suivre le Christ – et donc de se séparer jusqu’à sa propre famille et cuture – comme aujourd’hui, où la suivance est aussi question de choix, donc de tri, donc de « laisser aller » ceci et d’ « opter » pour cela…

L’attitude de base, par contre, n’est pas ou plus la crainte de Dieu qui peut faire se déverser les vannes célestes sur la terre. Mais la veille, l’attention, le sentir-avec, dirait Ignace : lire les signes des temps, reconnaître le signe du nuage ou de la pluie – comme le rappelait Jésus ! –, distinguer, discerner ce qui arrive pour prendre la bonne attitude, décision, faire le bon (prochain) pas…

« Tenez-vous prêts » car on ne sait pas quand cela arrivera, quand Jésus visitera ton quotidien, quand l’Esprit viendra faire chanceler tout ton acquis, ta religion, ton culte, ton idolâtrie, quand le Père te révélera ton hypocrisie – ta dichotomie entre ce que tu crois et dis et ce que tu fais – au travers d’une rencontre, au détour d’une page, un matin d’hiver, au coin d’une actualité… Ce qui est sûr, ce n’est pas « Après moi, le Déluge ! », mais « Après le Déluge, qui suis-je ? »

Thierry Schelling