L’Évangile a casa 182: Mt 11, 2-11

L’Évangile a casa 182: Mt 11, 2-11

Vers la lecture de l’évangile

Le verbe voir est abondant dans cet extrait : 6 fois ! Comme croire donnait de voir… Oui, de voir Dieu à l’oeuvre: « Les aveuglent retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent… » Que des événements visibles !

Le miracle qui se voit peut certes chambouler une vie : les petits bergers de Fátima, ou Bernadette à Lourdes, ont vu des choses qui ont changé leur vie, et celles de millions après eux. Mais Jésus de rappeler : « Qu’êtes-vous donc aller voir ? »

Et de lister deux fausses raisons de croire: un roseau agité par le vent ? c’est-à-dire un charlatan pour qui la religion n’a de consistance que de celle d’un roseau qui ne cède pas mais se plie aux quatre vents (cf.La Fontaine Le chêne et le roseau) : il est des croyant.e.s « girouettes » et dont le comportement religieux n’est dicté que par leur caprice, intérêt ou confort…

Un homme habillé de façon raffinée? c’est-à-dire un saltimbanque paré de par son avidité pécuniaire et sa manipulation d’autrui, et de leur naïveté, ne partageant surtout pas leur environnement (« ces gens habillés comme tels habitent des palais », pas comme vous…) : il est des croyant.e.s dépendants du regard de l’autre et du gain et dont le comportement religieux n’est dicté que par leur besoin de reconnaissance et de gratitude…

La troisième piste offerte par Jésus pour symboliser Jean est celle du prophète : celui qui parle au nom de Dieu, qui dérange, harangue, menace, condamne, secoue, admoneste, tentant de réveiller l’endormi.e que la religion peut produire… Car le prophète sent quand le Messie va débarquer : lui (ou elle) sait voir quand cela arrivera ; il (ou elle) sait lire les signes, et il (ou elle) met en garde !

Et cependant, pour Matthieu qui va articuler son Evangile autour de l’Ancienne et la Nouvelle Torah, l’Ancien et le Nouveau Moïse, l’Ancien et le Nouveau Décalogue, il faut un gond : c’est Jean, « le plus grand parmi les hommes » de l’Ancienne alliance… mais le plus petit dans la Nouvelle alliance…

Jean le savait, lui, qu’il devait diminuer et que Christ devait augmenter. Jean savait, lui, qu’il était une voix dans le désert et que son baptême n’était que d’eau, et que le vrai baptiseur serait le Christ, « dans l’Esprit et le feu » ! Un prophète sait et sent ces choses-là.  Préparant la route, Jean allait se laisser marcher dessus… Dernier martyr de l’Ancienne alliance, il ouvre le chemin vers Celui qui doit venir et qui est plus fort que lui, même s’il chausse des sandales. Et Jésus lui emboîte le pas : quand Jean parlait de Sa venue, Jésus, lui, parle de son départ. Quel contraste pour ce dimanche Laetare !

Thierry Schelling