L’Évangile a casa 104: Matthieu 21, 33-43

L’Évangile a casa 104: Matthieu 21, 33-43

Comment raconter l’histoire de son peuple? Et comme souvent en Orient, le dramatique des épisodes est-il «narrable»?

Le Christ, par cette parabole, rappelle que si Dieu a été de tous temps bienveillant à l’égard de Son peuple – vigne, clôture, pressoir, tour de garde en sont des symboles – et qu’Il a fait tellement confiance à l’humain qu’Il a appelé «des vignerons» pour s’en occuper – «il partit en voyage» – et des «serviteurs», mieux «ses» serviteurs – on pourrait parler de ces vocations particulières que furent les prophètes auprès des communautés –, c’est l’ingratitude humaine – pour dire le moindre! – qu’il a rencontrée! Pire, Son propre fils a été tué! Comment ne pas y voir l’histoire des porte-paroles de Dieu, jusqu’au modèle absolu du Logos, la Parole de Dieu, le Fils unique, le Christ, incarné en ce Jésus de Palestine?

Certes, «on» conclut que devant une telle absurdité, «le propriétaire les fait périr misérablement», appliquant la règle locale et traditionnelle du «œil pour œil, dent pour dent»: Ses serviteurs et Son propre Fils sont tués, le proprio fait de même!

Cependant, la vengeance de Dieu, la revanche du Seigneur, ne s’est pas exprimée selon le critère du Premier (ou Ancien) Testament: la Résurrection a été la plus grande victoire sur la mort, et, avec elle, le pardon, «la merveille devant nos yeux»… promesse anticipée dans le Psaume et Isaïe en succédané (d’où vient le «n’avez-vous pas lu dans les Ecritures»). C’est l’exacte contraire de la revanche!

En cela, Dieu est constant; nous sommes des inconstants. En Son plan pour l’humanité, Dieu est toujours bienveillant; nous sommes méchants, parfois. En Son dessein, Dieu est toujours juste; nous sommes égocentriques, souvent.

Du coup, quand on ne comprend pas par la forme douce – les prophètes annonçaient qu’un jour ou l’autre, «tous les peuples monteraient à Jérusalem» –, eh bien «le royaume est enlevé» et «donné à une autre nation». Non pas dans un échange de bons procédés, ou de nouveau selon l’esprit de la loi du talion: mais donné, offert en don, à «un peuple», «une nation», sans adjectif de provenance, de nom, d’origine; «une nation», «un peuple»: celui des disciples de Jésus, sans frontières, parce qu’inclusif; sans location géographique parce qu’universel; sans langue précise car «pentecôtiste», parlant toutes les langues… Oui, dans cette parabole, dans cet Evangile, il était déjà question de … nous!

Thierry Schelling