L’Évangile a casa 105: Matthieu 22, 1-14

L’Évangile a casa 105: Matthieu 22, 1-14

Le Royaume est une fête! On y est toutes et tous invités. On y vêt l’habit requis – un manteau de noce! – et on y danse, on y chante, on y applaudit, on y rit, on y mange, on y boit… Rassembler familles et amis (et établir le plan de table!) est une des tâches des fiancés; là, tout le monde est invité et a sa place à la table de Dieu!

On n’aime pas trop l’idée de cet «inclusivisme» de Dieu, non? Tout le monde, invité, vraiment? Même… et comme les pharisiens et les prêtres (de jadis et d’aujourd’hui!), on liste les exceptions: «Oui, mais quand même pas lui, pas elle….».

Ce qui permet de croire que Dieu aura toujours le dernier mot là où moi, je mets des conditions; ce qui permet de se réjouir d’ores et déjà que ce «tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce» va se réaliser, quoi qu’on en dise sur la terre dans nos clartés théologiques, nos certitudes spirituelles, nos assurances éthiques…. Dieu aura le dernier mot! Et Il nous l’a déjà révélé: «les mauvais comme les bons» sont invités au banquet!

Dure, dure, la magnanimité de Dieu! Sauf si… nous vivons l’Evangile! Pas juste le lire, le connaître, l’étudier, le répéter, le rabâcher, mais le vivre. Maurice Zundel disait: «Je ne crois pas en Dieu, je le vis.» Tellement rassurant, bienfaisant, bienveillant, enthousiasmant.

Dès lors, pour enfiler son vêtement de noce (enduma, en grec), il convient de l’apporter. Enduma? Vêtement, dit le dictionnaire. Et chez Matthieu, c’est aussi bien le vêtement de poil de chameau de Jean le Baptiste que le vêtement des faux prophètes qui s’habillent du lainage des agneaux. Mais aussi le vêtement dont il ne faut pas se soucier, tout comme la nourriture ou les lys. Un mot générique, général, quelque chose que l’on pose sur son corps, comme un pardessus (littéralement). Indéfini en tant que tel mais selon circonstances, de poils de chameau ou de laine ou d’hypocrise ou même de «blanc comme l’éclair» pour l’ange de la Résurrection.

Oui, notre aspect extérieur vestimentaire compte au regard des gens, et donc quelque part de Dieu: mais Dieu exige le vêtement…de noce! Chamarré, brodé, coûteux peut-être…

S’il agit du Royaume, dans cette parabole, on parle aussi de notre mort… Ce grand passage vers la salle de bal où trône le Christ, qui vient nous servir après nous avoir accueilli chez Lui… Oui, notre mort sera un passage festif. Bizarre, non? Si vivre de la Parole de Dieu réjouit le cœur, cela veut dire que tout au long de notre vie, on prépare ce moment unique où les portes du palais nous seront ouvertes, et où nous devrons arriver heureux, sereins, détendus, appréhendant de voir enfin Celui que nous avons aimé, loué, servi… le Roi, le Christ, le Frère, l’Ami, Jésus.

Que cet automne radieux nous aide à apprivoiser «notre sœur la mort» (Saint François d’Assise) pour vivre notre vie comme un chemin vers cette Grande fête des noces où nous serons convives du Très-Haut!

Thierry Schelling