L’Évangile a casa 122: Jean 12, 20-33

L’Évangile a casa 122: Jean 12, 20-33

«Nous voudrions voir Jésus.»

Demande à la fois simple – quand on était son contemporain, on pouvait le faire! – et bouleversante à la fois de la part de… Grecs! En effet, ils n’étaient pas Juifs mais «adorateurs de Dieu», et probablement admis uniquement dans le péristyle du Temple, guère plus loin… Mais leur demande entraîne une chaîne…

«Ils abordèrent Philippe… qui va le dire à André… qui vont le dire à Jésus.»

Pourquoi n’ont-ils pas tout simplement lancé un coup de fil (ah, ok, pas de téléphone à l’époque…) ou ne se sont-ils pas rendus là où Il demeurait? Cette chaîne de témoins qui relie les Grecs à Jésus est un appel: souvent, très souvent, ce sont les autres qui nous ramènent à Jésus… Et nous aussi, comme Philippe et André, pouvons être de celles et de ceux qui rabattent au Maître également… L’Eglise est d’abord affaire de mise en contact…

«SI le grain ne meurt…» Après «le semeur est sorti pour semer», voilà que Jésus développe la bonne semaille tombée en terre: elle pousse et porte du fruit, nous conclut la parabole, et ce grain est «la parole de Dieu»; Jésus EST la parole de Dieu, donc le bon grain qui, quand tombé en terre, pousse au travers de la terre vers le ciel! Tant il est vrai que l’ensemencement est suivi d’un temps de silencieux enterrement avant l’éclosion… Splendide réalisme de Jésus: indirectement, il dit aux Grecs qu’Il n’est pas une énième idole de chair – à côté des myriades de statues de déesses et de dieux de leur Panthéon! – qui va produire des récits de sagas, d’exploits, de conquêtes, de triomphes… oh non. Enfin, pas dans le sens classique du terme. Car Jésus va triompher… de la mort!

«Servir…suivre…être là…serviteur…servir…» La sève de l’ «exploit», la trame de la «saga», l’effervescence du «triomphe» du Christ est… le service. Le suivre, c’est servir. Servir, c’est Le suivre. Et «Il est là» dans l’un et l’autre cas.

On est loin d’une nouvelle religion – que cherchaient les Grecs en fait? On est loin d’un show à l’américaine pour marquer l’an neuf – qu’espéraient les Grecs en fait? On est loin si l’on n’écoute pas attentivement le Christ qui est le Chemin pour «porter beaucoup de fruit»: par la mort sur une croix, et la résurrection. Que chacune de nos morts dans cette vie nous conforte, au travers et au-delà des larmes (bien compréhensibles parfois), que le lendemain est celui de la vie éternelle; et qu’entre chaque épisode, c’est Le servir qui traduise notre suivance, c’est Le suivre en servant autrui et Dieu qui traduise notre foi – et oui, le Christ est là où je suis en service…

Thierry Schelling