L’Évangile a casa 124: Jean 10, 11-18

L’Évangile a casa 124: Jean 10, 11-18

«Le bon pasteur… le vrai berger.» Même si je trouve un tantinet par trop agreste, l’image du berger passe encore si on s’attache… aux détails. Pour éviter le bucolique, justement !

Il est dit que ce berger qu’est Jésus est «bon et vrai». Il n’est donc pas «gentil et diaphane» comme l’ont représenté moults peintres voulant (certainement) bien faire, sous les traits d’un Slave affecté enrobé d’une nue blanchâtre…

«Bon», ce n’est pas «gentil», et «vrai , ce n’est pas « tiède ». J’ai toujours été fasciné par la droiture du Christ: «que ton oui soit oui, et ton non, non» par exemple. Et Lui-même se «radicalise»: Qui n’est pas avec moi est contre moi… Clarté, vérité. Et c’est au travers de cette attitude que s’exprime justement sa bonté.

C’est la bonté du pédagogue qui exige pareil de son disciple: clarté et vérité. Être clair envers autrui, Dieu et soi-même, c’est exactement cela, la vraie bonté. Rien à voir avec flagornerie, «sucrerie», douceâtrerie… Un vrai cadeau de la part de Dieu.

«Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent.»

Deuxième cadeau de la part du Christ: la connaissance qu’Il a de chacun.e de nous. Comme j’apprends à Le connaître davantage et graduellement – comme dans toute relation humaine essentielle pour vivre, dans le fond – Lui aussi me (re)connait. Connivence, intimité, respect, connaturalité même… Être disciple, c’est aussi prendre du temps gratuit, sans but autre que d’être avec Lui, sans prière, sans demande, sans remontrance, sans rouspétance… juste «comme ça». Et si cela aide, en repérant tous les signes de Sa vie dans ma vie: «Je donna ma vie pour mes brebis», précise-t-il. Ok. C’est donc les signes de Sa vie dans la mienne qui témoignent de Son attachement à ma personne.

«J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos.»

Troisième cadeau: je ne peux pas me targuer d’une préférence au-dessus de X ou Y, d’un avantage vis-à-vis de tel(le) ou tel(le), parce que je suis disciple de Jésus. Car Jésus a «encore d’autres brebis» que je ne connais pas, mais qui L’intéresse hautement, autant que moi je L’intéresse. Longtemps, le chrétien – le catholique en tous les cas – se considérait comme membre de la seule vraie religion: il y avait ceux «in» et ceux «out», il y avait les «croyants» et les «païens».

Pas pour Jésus. Il y a ceux qui – de son cercle ou pas – «écoutent sa voix» et ceux qui «n’écoutent pas sa voix». Là est l’arête de séparation… Et Jésus dit clairement qu’Il veut l’outrepasser, la franchir, pour continuer à missionner: faire entendre Sa voix pour qu’il n’y ait qu’un seul troupeau. Comme on a encore de la peine à entendre cette unité des diversités autour du Christ Berger. Et le mot clef ? L’échange. Entre le Fils et le Père, et entre qui écoute et qui n’a pas encore écouter. Entre qui connaît le Christ et se laisser connaître par Lui. Et ce mode «échange» est un commandement pour Jésus «reçu de Son Père» ! Tout est dit.

Thierry Schelling