«La vraie vigne». C’est qu’il y a une fausse vigne ?
Quoi qu’il en soit, la vigne est parmi les images favorites de la Bible – et pas seulement. Lieu de joie et de réjouissances – quand on pense à son fruit – aussi bien que de dur labeur et d’attention millimétrée, elle est utilisée pour symboliser l’Eglise, la communauté des baptisé.e.s. Où se retrouvent et se vivent le meilleur comme le pire de l’humain !
Le point d’attache, littéralement, du sarment est le Christ, le cep de vigne dont prend soin Dieu le Père comme vigneron. Ce qui devrait faire dire et réfléchir chaque disciple du Christ: est-ce que tout ce que je prends et donne – comme le va et vient de la sève dans les nervures du plant – vient bien du Christ et y retourne ? Ou bien: quelle mesure … surdimensionnée de moi-même y ajouté-je pour déséquilibrer l’échange sanctifiant entre le Christ et sa sœur, son frère – nous ! – en service envers autrui ?
Comme j’aime cette radicalité de la parole de Jésus: «Tout sarment … qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève.» Bien «qu’en moi», dit Jésus, ce sarment risque d’être retranché du cep, se dessécher avant de pourrir, quand il n’est pas brûlé… Mais le Christ de rassurer ses auditeurs directs – ses apôtres, le dernier soir de sa vie terrestre «comme nous» –: «déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite.» Laquelle ? Il ne précise pas, mais eux (elles ?) l’ont entendu en direct leur parler. Et l’épreuve de sa crucifixion a également été vécue en direct (même si les disciples ont été lâches et traîtres…). Et au moment où l’on lit ce passage de la Vraie vigne, écrit entre 40 et 70 après la Résurrection, deux générations (au moins) d’ami.e.s du Christ ont survécu aux cataclysmes de la chute de Jérusalem, de l’expulsion des synagogues et d’accusations de toute sorte (anthropophagie…).
Elles et ils ont tenu bon. Et transmettent leur vision d’Eglise: une vigne, des sarments, qui doivent porter du fruit s’ils sont fidèles à la Parole, et en demeurant en Christ, être des disciples que les aléas de la vie, heureux ou malheureux, éprouvent la profondeur de leur foi, et permettent de trier entre… vrais disciples et faux disciples !
A bon entendeur…
Thierry Schelling