«Aimer et se savoir aimé». Refrain d’un chant d’Eglise connu, Trouver dans ma vie ta présence. Finesse des mots, tendresse des propos, et dans le chant, et dans l’Evangile de ce dimanche.
«Aimer» et «amis» viennent 13 fois dans cette péricope !
Jésus nous aime comme Dieu le Père a aimé le Fils… Rien de plus intime entre deux êtres que l’amour du Père pour le Fils et du Fils pour le Père: la base de la Trinité, c’est-à-dire du relationnel au sein de Dieu complètement épanché sur autrui – le Fils, et, par extension, sur ses disciples = nous – que le fruit en est une personne, la troisième, l’Esprit… En moi, Dieu qui m’aime est trinité: Il est mon but (le Père), mon côte-à-côte (le Fils) et mon inspiration (l’Esprit)… Oui, Dieu vient éclore en nous à chaque pousse d’amour pour autrui, si infime qu’elle soit, si invisible qu’elle demeure.
Son amour a une marque très nette: la joie ! Pas autre chose. La joie, car d’être ainsi aimé.e de cette façon devient une source de joie intarissable malgré les aléas de la vie. Et qu’au travers de chaque occasion d’aimer, la joie éclate comme «parfait» signe de la présence de Dieu… Pas la liesse ou la franche rigolade, non, la joie: cette connivence avec Dieu qui exprime l’intimité entre deux êtres qui s’aiment dans une paisible sérénité. Donc, montre-moi de quelle joie tu vibres, et je te dirai quel Dieu tu (re)connais !
Son amour a une caractéristique très sûre: le service ! Sous la forme du don: «donner sa vie pour ceux qu’on aime». Même si Jésus a demandé d’aimer ses ennemis – caractéristique propre au christianisme. C’est donc d’abord dans le service de l’autre que l’on traduit l’amour du prochain, et qu’il s’en suit que nous sommes ainsi ami.e.s de Dieu. Oui, aimer autrui, c’est aimer Dieu; aimer Dieu, c’est aimer autrui. Donc, montre-moi comment tu aimes autrui, et je te dirai comment tu aimes Dieu !
Son amour a un procédé très simple: le choix ! Dieu nous aime parce qu’Il nous choisit. Il n’y a pas de liste de conditions; juste une envie de la part de Dieu: je te choisis «pour porter du fruit». Une liberté de Dieu qui opte sans raison pour toi, et toi, et toi… Juste une mise en garde: aimer, dans la bouche de Dieu, dans l’agir du Fils, dans la complicité de l’Esprit, n’a rien à voir avec un feeling intérieur. C’est une présence, un échange interne, un cœur-à-cœur, un vis-à-vis… Et ça s’apprend et s’exerce…
Thierry Schelling