En Galilée… retour au point de départ. Mais quel changement chez ces disciples ! Eux-mêmes (et elles-mêmes aussi !) vont regarder la Galilée autrement, leur chez-soi différemment, avec – probablement – le regard appris du Christ lui-même. Ce «carrefour des nations», l’anti-Jérusalem (ville sainte par excellence), où cohabitent cultures et langues diverses – une sorte de Babel – devient le berceau de la nouvelle foi ! Et le doute y a sa place: «Certains eurent des doutes». Très bien.
Le Ressuscité ne compte pas sur notre assurance – c’est à Lui qu’a été donné tout pouvoir, pas à nous ! – mais sur notre disponibilité: Il s’approche d’eux, c’est-à-dire qu’Il est «avec eux tous les jours de leur vie», comme il l’a promis. Mais pas pour rester «collé-serré», non. «Allez !»
«Allez !», voilà la mission. Ne pas rester scotché les yeux aux ciels, sur son missel ou son nombril, à l’abri d’un édifice sacré, mais aller, sortir, se mêler, se mélanger même, à la foule galiléenne de notre temps – ce qu’anciennement on nommait «païens», à regret car le mot désigne d’abord la paysannerie… paganus en latin ! Mais effectivement, s’y tremper les mains, le cœur, la vie.
Et respecter: «De toutes les nations», précise Jésus. Il est demandé de ne pas utiliser d’échelles de valeur entre pays, cultures et langues, mais l’égalité d’approche est exigée: toute culture, tout groupe humain, est une nation («ethnie», en grec). Un peu comme Paul à Athènes: un regard curieux et bienveillant devant la diversité cultuelle, culturelle, etc.
Pour y semer la graine, enfin plutôt y déverser la goutte d’eau – le baptême – qui dessoiffe, abreuve, irrigue, donne la vie, non pas magiquement – qui boit de l’eau d’un puits a toujours soif, mais qui boit de l’eau que Jésus donne n’aura plus jamais soif…. promesse faite à la Samaritaine – mais parce qu’est donnée la Trinité !
Et la réponse au baptême est «apprendre à observer tout ce que Jésus a commandé». Son Evangile est une mise à jour en paroles et en actes de la Loi de Moïse – ciment de l’Israël biblique – avec, en point de mire, l’amour de l’ennemi comme signe distinctif… Il faut bien un «commandement» de la part de Jésus pour cela !
Et la dernière phrase de l’Evangile de Matthieu est d’une pertinence folle: «Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» Ce n’est pas un souhait, une prière, une proposition mais un état: «Je suis» Et Matthieu termine son récit comme ça: la permanence de la présence du Ressuscité avec nous… Tant il est vrai que la Pentecôte – et non la Pâques, qui signifie passage – est le but de l’Incarnation…
Thierry Schelling