« Au dire des gens »
Que disent les gens de Jésus aujourd’hui ? Que dit l’art, le cinéma, la musique, la danse ? Peu… Parfois, on se moque. C’est aussi une façon de parler de Lui que rien ne saurait déstabiliser – le blasphème est donc une construction humaine et n’atteint pas Dieu.
Jésus, lui, des gens, qu’en a-t-il dit ? « Hypocrites », « foule sans berger », « mes amis, ma famille », au gré de Ses expériences. Selon ce que l’autre prenait de Lui : peu, pas ou tout. Jésus a aussi insulté : « Renard » pour Hérode, « sépulcres blanchis et serpents » pour les doctes de la Loi. Et Il a vu le détail : la veuve dans la foule, l’unique lépreux guéri et retourné à Lui, le paralysé de Siloé…
« Et vous, que dites-vous ? »
La seule véritable question centrale de toute catéchèse – voire du catéchisme ! Et qui chemine avec Jésus varie sa réponse : au fur et à mesure que les Ecritures sont familières, que l’Esprit habite dans son cœur, que l’affection a fait place au devoir vis-à-vis du Christ, que la gratuité du temps reçu et donné en mille et une façons dans un quotidien affairé… C’est toujours le même Christ, et c’est la variété de nos réponses qui augmente la polychromie de notre mosaïque.
« Pour vous, qui suis-je ? »
Le « pour » a double sens : « pour » dans le sens de moi à Lui, et de Lui à moi. Pour toi qui me lis, qui est-Il ? Et que penses-tu que tu es pour Lui ?
Binôme essentiel de la vie chrétienne, au-delà et en deçà des dogmes et de la morale. Oui, depuis le baptême, je et tu devenons nous, réciproquement. Notre relation au Christ non seulement lui fait plaisir, mais du bien ; et l’enrichit en tant qu’être aimant…
Mais attention : gare à l’adoucissant ! Suivre Jésus, aimer Jésus, se rendre intime de Lui, implique, cause et même, parfois, appelle le rejet, la mort et la résurrection ! En effet, l’amitié offerte par Jésus est ancrée dans le réel d’une vie véritable : avec hauts et bas, aléas et incidents, maladies, morts et re-vies, ressuscitations, pages tournées ou déchirées, sauts de puce ou de criquet, bref… une vie normale dans le fond, mais dans le concret de son réalisme, et non dans l’angélisme « poudre aux yeux » dont la religion et ses charlatans savent user. Si suivre le Christ entraine frottement, c’est bon signe. Il convient alors de « renoncer à soi-même » et renoncer à son image du Christ, peut-être idéalisée, ou idolâtrée, pour découvrir le Ressuscité après la Croix. Toujours Ressuscité après toutes les croix…
Thierry Schelling