L’Évangile a casa 140: Mc 10, 35-45

L’Évangile a casa 140: Mc 10, 35-45

Faire sentir son pouvoir.

Tentation tentante quand on vous donne… du pouvoir : « Mon Père », voilà le vocable que j’exècre quand celle ou celui qui me l’adresse a le triple de mon âge, est millionnaire, voyage quatre fois par semaine en avion, a élevé 5 enfants… Devant moi, qui ne suis qu’un quinquagénaire, pourquoi ça rechigne encore à m’appeler par mon prénom ?

Jésus l’a vécu, Lui aussi : les titres ronflants issus de la Première alliance, notamment des prophètes, voilà que Ses contemporains les lisent dans le comportement et les paroles du Christ. Et Le tentent : pour le faire roi, pour le faire expulseur des Romains, pour le faire Défenseur de leur foi (et donc xénophobe), pour le faire Parangon de la Torah…

L’Evangéliste a cette phrase sublime pour dire que Jésus s’échappe de ce « gainage » qu’on veut lui infliger : « Il passa parmi la foule et s’en alla. » Il ne court pas ni n’invective l’auditoire ; Il passe parmi. Pour s’évanouir à l’horizon.

Il est maître, roi, chef, Dieu… mais à la façon que Son Père Le lui a révélé, et dont Il nous gratifie si et quand on s’approche de Lui par amour curieux et gratuit. Et les évangélistes n’auront de cesse de rappeler que Jésus est l’anti-héros, l’anti-roi, l’anti-maître, l’anti-chef… l’anti-Dieu ! Selon l’attente de l’humain de base, Dieu doit être omniscient, omnipotent, omni-tout… Dieu doit faire sentir Son pouvoir…pour conserver Sa place de Dieu. Il en était ainsi avec les aéropages égyptien, grec et romain. Et de même avec Yahvé-Adonaï.

Pas avec le Christ. Même si les fidèles, depuis 2000 ans, projettent encore trop souvent sur le Dieu de Jésus-Christ, ces mêmes besoins, envies, attentes. A degré varié certes, mais de façon résurgente. Et fatigante : car on se dit qu’à méditer l’Evangile, on nourrit une relation nouvelle à Dieu, par le Christ…

Relation nouvelle ? Serviteur et esclave, don de sa vie pour la multitude… Trois caractéristiques du sens de l’existence terrienne de Jésus, et les marqueurs éternels de Sa présence terrestre aujourd’hui encore. Oui, le Dieu de Jésus-Christ est serviteur, voire esclave, de notre turpitude humaine… Il se dévoile comme tel, Il se vit comme tel, Il se repère comme tel, en toute circonstance…

A nous qui voulons Le suivre, L’aimer et Le servir de nous en rappeler constamment, journellement, personnellement. Afin de rester branché.e.s sur le Dieu de Jésus-Christ qui se met à mon service…

Thierry Schelling