L’Évangile a casa 144: Jn 18, 33b-38

L’Évangile a casa 144: Jn 18, 33b-38

« Ma royauté n’est pas de ce monde ». Ouf, car franchement, de toutes les fêtes pour le Christ, celle du Christ-Roi m’est la plus obsolète !

Elle ne date que de 1925, en un temps reculé – l’Entre-deux-guerre ! Et si au moins on y avait donné des consignes sur le type de royauté christique à célébrer, on ne tomberait pas dans l’allégorisme, ou le sarcasme ! Jésus, roi de l’univers, et donc au-dessus des rois Charles III, Philippe de Belgique, Willem-Alexander des Pays-Bas… A quoi bon ?

Jésus, apolitique, évidemment. Jésus à la couronne d’épine, au manteau de pourpre d’un soldat romain, au sceptre de clous… Jésus roi…

Heureusement que par deux fois, Jean précise dans la bouche de Jésus : « Ma royauté n’est pas de ce monde. » Donc, cherchons ailleurs ! Et là encore, le découpage du texte pour la proclamation liturgique trahit le sens du thème de la royauté de Jésus : en effet, le verset 38 manque, et il est pourtant capital ! Il y est dit par Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? ».

C’est dans cet ordre-là que Christ se révèle comme régnant : la Vérité. Pas celle des intellos et autres académiques, philosophes rhétoriques ou théologiens présomptueux, non.

Sa vérité « n’est pas de ce monde » non plus… Quand on lit l’Evangile et se laisse toucher par Son Esprit, on rencontre le Christ vivant, discret, lové au cœur de notre cœur, de notre vie. Subtil et fort tout à la fois, Il est là, présence d’amour au regard tendre qui ne se défait jamais d’une bienveillance complice. Oui, à nourrir une relation personnelle au Christ, et Lui avec moi, on ne s’en défait plus. Il demeure LA référence de qui partent idées, impulsions, remarques, et vers qui, au soir du jour, tout revient, déposé à Ses pieds, dans un lâcher-prise salutaire : Il est en charge finalement. Il me revient d’apprendre à lire, relire, comment Il agit, et sous quelles traces Son Esprit construit, bénit, réjouit, vainc.

Oui, le Christ en Son Esprit règne souverainement dans la vie de qui la Lui offre jour après jour, nuit après nuit… Etymologiquement, « souverain » veut juste dire : supérieur. Naturellement, Dieu est supérieur à l’Humain, et Dieu nous rend divins par Son attirance à Lui : « Où irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. »

Devenir disciple du Christ, c’est une question de partenariat, d’une amitié – « Je vous appelle amis », dira-t-il – et d’une loyauté de Sa part qui sont absolus, « monarchiques » – du grec, d’un seul chef –, et de la nôtre. Lui, « indéfaillible », indéfectible et infaillible ; nous, cheminant avec Lui, et acheminés vers Lui par notre envie de L’aimer, Le servir et Le louer…

Thierry Schelling