L’Évangile a casa 145: Lc 21, 25-28.34-36

L’Évangile a casa 145: Lc 21, 25-28.34-36

Etrange paradoxe: la venue du Fils de l’Homme est décrite comme « affolement », « désemparement », « fracas », « mourir de peur », « ébranlement » et, en vis-à-vis, « puissance », « grande gloire »… Ouf, on a fait le tour de l’imagerie apocalyptique qui a traversé les livres bibliques pour annoncer l’accomplissement de la Grande attente : l’arrivée du Messie, enfin ! Et Jésus naquit !

Etrange paradoxe : pour faire comprendre qu’il était arrivé en la personne de Jésus, Luc se voit comme contrait de reprendre le lexique classique, apocalyptique, pour dire que OUI, il est parmi nous… mais pas de la façon escomptée !

Non, la venue du Christ n’a pas engendré les signes extérieurs décrits par les auteurs prophétiques ; non, les nations d’alors – Rome, Grèce, Assyrie, Egypte… – n’ont pas été bouleversées par la naissance de Jésus ; non, les gens ne sont pas morts de trouille « dans l’attente de ce qui [devait] arriver »…

Tout le contraire : la Résurrection du Christ a été des plus discrètes ! Sa naissance sur terre, encore plus : où ? quand ? Personne n’a su !

La Résurrection du Christ n’a effrayé aucune nation alentour… si ce n’est le clergé juif et quelque Ponce Pilate ! Mais toutes ont continué leur train-train politique. Jusqu’à la destruction de Jérusalem : les plus forts ont écrasé les plus faibles…

La Résurrection du Christ n’a pas été entourée de « puissance » et « grande gloire » mais s’est déroulée d’abord dans le for des proches incrédules… Elle a remué le cœur de qui savait écouter un jardinier (Marie la Magdaléenne), voulait encore plus aimer (Pierre), se rappelait ce que Jésus le marcheur avait dit alors en route (disciples d’Emmaüs).

Ecouter, se convertir, c’est-à-dire changer d’angle de vue en aimant davantage, et se rappeler. Trois verbes, trois attitudes foncièrement consonantes au temps de l’Avent, trois invitations de saison… Bon à-vent !

Thierry Schelling