«Que devons-nous faire ?» Question somme toute légitime quand on veut plaire à Dieu, non ? Ou du moins être cohérent avec son baptême. Luc ne précise pas de quel genre de baptême il s’agit ; on peut donc le prendre pour le nôtre.
Et pour lui, la conséquence de notre baptême, c’est l’action… envers autrui en équilibre avec soi-même : partager (ne pas tout donner, donc), ne pas voler (chacun.e a droit à son dû), se contenter de ce que l’on reçoit (ne pas envier). Rien de bien compliqué ? A la portée de tout baptisé.e qui s’y exerce…
S’en suit de la part de Jean une mise au point : «Lui vous baptisera dans l’Esprit et le feu.» C’est donc que le baptême dans l’eau du Jourdain est un ersatz ? Lui, c’est-à-dire le Christ, baptisera dans l’«Esprit» et le «feu»… On retrouve sous la plume de Luc ces métaphores lors de la Pentecôte (dont il est le seul narrateur, dans ses Actes). D’où le futur du verbe «baptiser» : ça va venir mais après la Résurrection ! Ici, au chapitre 3, on est au tout début de l’histoire !
Le baptême incline au bon dosage entre altruisme et le soin de soi, certes, mais pas seulement : «Il (le Christ) tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé»… Dommage qu’aucune représentation d’un Jésus pelle à la main n’existe (à ma connaissance). Il n’empêche, on voit bien l’idée : Jésus qui bat de sa pelle le grain pour en séparer sa balle indigeste. J’aime ce Christ qui fait le ménage, qui dégrossit pour aller à l’essentiel.
Puis : «Il amassera le grain dans son grenier.» Récolte il y aura donc : en général, après avoir nettoyé l’aire, c’est que les foins ont été faits. Ainsi donc, l’hiver approchant, le grain est ensilé. Faire de la place pour regrouper le nutritif. J’aime ce Christ qui (ac)cumule l’essentiel.
Enfin : «Quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas.» Un bon paysan dans le fond, ce Jésus. Il moissonne, range tout bien comme il faut, grain remisé et se débarrasse du superflu : la paille est éliminée. On peut passer l’hiver…
Son ministère vu sous l’angle d’un moissonneur précautionneux, voilà une belle image de tout ministère, le vôtre comme le mien : que récoltons-nous ? que nettoyons-nous ? que brûlons-nous ?
A la question : «Que devons-nous faire ?», nous aussi, eh bien la réponse est : moissonner, trier et jeter, engranger et …se réjouir ! Car «Il annonçait [ainsi] la Bonne Nouvelle.» Tout ça pour ça : propager la Bonne Nouvelle, eu-angelion en grec, l’Evangile en français. Oui, notre vie intérieure tout comme les alentours, sont un vaste champ à cultiver !
Thierry Schelling