« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi je trouve ma joie. »
C’est une déclaration d’amour de Dieu pour Son Fils, et pour toute baptisée et baptisé ! Car nous sommes configurés aux Christ. Ni plus, ni moins. Donc, ce que le Père dit au Fils, Dieu le dit à chacune et chacun d’entre nous.
En moi, Dieu se plait, se complait, trouve sa joie ! Y pense-t-on des fois ? Ne vit-on pas notre foi en ayant oublié que depuis le baptême – et non pas au baptême ! –, Dieu s’est lié avec nous de manière indéfectible, ineffaçable, indélébile. Car l’amour, le vrai, est éternel ; Dieu est éternel, donc Son amour lui ressemble parfaitement : pardon, Son amour pour moi, c’est Dieu lui-même qui se donne en moi, qui se plait en moi, se complait en moi, trouve sa joie en moi !
Les « conditions » pour vivre de cette présence incommensurable au plus profond de nous et que rien ne saurait ôter, sont, d’après cet Evangile, les suivantes :
- être en attente : « Le peuple venu auprès de Jean était en attente. » Pour vivre Dieu en soi, vivre la joie de Dieu en soi, encore faut-il être en attente, sur le qui-vive, aux aguets, à l’affût de Dieu… Pas un cache-cache, mais un « cherche-cherche » ; mieux encore, un « trouvé-trouvé » !
- être baptisé.e dans l’Esprit Saint et le feu : les deux éléments du baptême, en somme, l’Esprit – on est plutôt d’accord ! – et le feu. Aïe, le feu détruit (le sapeur-pompier le sait bien), déforme (le ferronnier d’art le sait bien), cautérise (quand on n’a pas d’autre moyen !). Le feu est également le symbole de l’épreuve : traversée, on se rend compte que l’épreuve nous à en partie détruit, peut-être déformé, probablement abimé… Mais le vide a permis de construire du neuf, de planter du neuf, d’imaginer au moins autre chose – et Dieu est toujours partie prenante de toute résurrection ! La déformation a permis plus de malléabilité, de souplesse, de recul, on peut en sortir « plus belle œuvre d’art » qu’avant l’expérience du feu – et Dieu est toujours partie prenante de la créativité, du génie humain qui s’incarne au service d’autrui, pour la beauté et la gratuité. Pour l’amour, dans le fond. Car l’amour brûle aussi…
- écouter. La voix « venant du ciel » doit être écoutée. L’écoute est l’un des sens obstrués par tant de bruits, de chenis, de sons… Or, la voix de Dieu est perceptible pour qui sait faire silence, être silence, intérieurement (et cela s’exerce, dirait Ignace de Loyola)… Sans cette écoute, moins de cohérence dans la vie spirituelle, amoureuse – dans la vie tout court.
Et si 2025 était l’occasion de nous rebrancher baptême : la date du mien, le sens de ce que j’ai reçu, sa mise en action et surtout, (re)goûter cette absolue confiance que l’Emmanuel, Dieu-avec-moi, est heureux de m’offrir, puisque Dieu aime m’aimer, se plaire en moi, se complaire en moi, trouver sa joie en moi !
Thierry Schelling