Le vent tourne vite, avec les hypocrites ! « Tout le monde faisait son éloge », lit-on, et, après avoir lu le passage à la synagogue, où Jésus affirme qu’ « aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture », ils veulent le tuer !
Malheureusement, la scène est coupée dans l’Evangile de ce dimanche, à regrets, car le sens de cet « aujourd’hui » et de ce « s’accomplit la Parole » va de pair avec la logique de Dieu qui dérange: tous les peuples sont concernés, pas juste les auditeurs de cette synagogue – les Juifs de Nazareth. Ce qui va plus qu’agacer son auditoire : Quoi, même les Samaritains, les Grecs, les Romains, les Syro-phéniciens peuvent espérer qu’ « aujourd’hui s’accomplit la Parole de Dieu » dans leur vie !?!?
Quand la religion est couplée à une ethnie, elle devient meurtrière. Dieu n’est citoyen d’aucune nation, Etat ou Royaume terrestre. Il est Dieu, et Sa Parole est universelle : elle nécessite ce qu’on appelle une « acculturation », c’est-à-dire une rencontre avec une langue et une Weltanschauung (une vision locale des choses), pour y apporter lumière, défi et questionnement – et réciproquement !
Ce dut être étrange d’écouter l’enfant du pays lire – quel son de Sa voix d’ailleurs ? – et ensuite expliquer qu’ « aujourd’hui », cet extrait prophétique s’accomplissait. D’autant plus que dans un premier temps, ils se réjouissent. Puis Jésus vient « désatrophier » leur sens de la religion – un entre-soi permettant de dompter et téléguider le peuple… – en rappelant le plan divin : toutes les nations, y compris celles jugées par ces mêmes religieux d’hérétiques, de schismatiques, d’étrangers, de païens, et cela ne va plus : « Toute vérité n’est pas bonne à dire », on dirait…
Jésus est pour les pauvres, les captifs, les aveugles, les opprimés la Bonne Nouvelle de leur vie : tout l’Evangile qui suit va le démontrer au travers des rencontres entre Jésus et les quidams qui deviennent ses frères et sœurs.
Et moi ? En quoi suis-je porteuse, porteur, de cette Bonne Nouvelle auprès des pauvres, captifs, aveugles, opprimés de mon aujourd’hui ?
Et quelles sont mes réticences, mes limites quant à ma capacité d’accueil de l’autre, de tout autre, de chaque autre ? Pour qu’ « aujourd’hui, cette Parole de l’Ecriture s’accomplisse » en moi…
Thierry Schelling