L’Évangile a casa 167: Lc 9, 11b-17

L’Évangile a casa 167: Lc 9, 11b-17

« Le jour commençait à baisser ». Pour l’Evangile, c’est le début du jour, justement – ce qu’on appelle le soir sous nos latitudes. Début d’un jour nouveau, en sorte.

Ayant allié la parole à l’acte – annoncer le royaume de Dieu et guérir les malades –, Jésus est invité par les Douze à renvoyer la foule. Pour de « bonnes » raisons : se loger pour la nuit et manger. Car « ici, nous sommes dans un endroit désert. »

Commencer sa vie en Christ par le désert, le manque, le vide, se nourrir d’abord de Sa parole et se laisser guérir d’abord de par Sa présence. C’est l’invitation de Dieu-même pour qui écoute et reconnaît ses besoins.

Mais à la demande des Douze de renvoyer la foule, Jésus répond presque sèchement : « Trop facile de ne pas s’implique soi-même, hein ? » C’est-à-dire : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » Ces propres disciples se dégonfleraient-ils ? Bon, des « foules » à nourrir, cela ne s’improvise pas… Mais là où les disciples voient l’immédiat qu’ils ne semblent pas pouvoir résoudre, Jésus a déjà dépassé cette contingence du nombre…en réclamant de leur part la so-li-da-rité !

Certes, les Douze reconnaissent aussi leur manque, leur « désert » intérieur devant l’ampleur de la tâche ; ils s’en remettent à Jésus, qui « eucharistie » les « cinq pains et deux poissons » – et nourrit tout le monde !

Loin d’être une énigme mathématique à résoudre – irrésolvable de toute façon ! –, c’est une métaphore – une parabole ? – de ce à quoi sert l’Eglise – devrait servir l’Eglise ! – : annoncer le « règne de Dieu » – en gros, annoncer et aider à repérer que Dieu est dans ta vie ! – et guérir qui en a besoin en « eucharistiant » les réalités des gens qui ont besoin de logement – image pour besoin de proximité, de protection, de confiance en soi, etc. – et de nourriture – image pour ce qui alimente l’esprit, l’âme et le corps, qui s’échange, fait grandir, fait plaisir… « Cela faisait douze paniers. » Les restes ne sont pas minimes… Et pourquoi le mentionner ? Peut-être que la mission de l’Eglise n’est jamais de faire un carton plein, mais au contraire, de se ressourcer à son propre ministère, et de pouvoir repartir « avec douze paniers »… Les Douze ont-ils pris chacun un des paniers ? Est-ce à dire que le « reste » est toujours pour ailleurs – les Douze sont partis évangélisés le pourtour méditerranéen, dit-on. Avec la même annonce : Dieu est parmi nous inexorablement… Eu-charisto, qui veut dire Merci !

Thierry Schelling