L’Évangile a casa 173: Lc 17, 5-10

L’Évangile a casa 173: Lc 17, 5-10

Vers la lecture de l’évangile

A chacun sa place… « et les moutons seront bien gardés ! »

Conclusion de cette péricope de Luc où Jésus est un tantinet agacé par l’attitude des disciples… « Si vous aviez de la foi ! », leur lance-t-il ! Comme si… Les disciples attendent-ils trop de Jésus : « Augmente en nous la foi ! », comme si Jésus pouvait activer un bouton commandant une vanne… La source de la foi, c’est en soi ! L’Esprit de Dieu demeure en chaque cœur qui l’a accueilli…

Et il convient de s’exercer à faire confiance, à augmenter sa foi, à croire qu’ « à Dieu, rien n’est impossible ». Facile à dire ? Oui mais Dieu en Jésus n’offre que cela : apprendre à Le croire crescendo et de plus en plus absolument !

Et en même temps, ce qui risque de tuer, ou du moins d’empêcher, de ralentir, voire d’enliser, l’essor de cette absolue confiance en Dieu, c’est la comparaison : naturellement, l’humain se demande toujours si et qui a plus, ou moins, ou pourquoi lui, elle, et pas moi, ou inversement…

Cette saynète d’un serviteur et d’un maître nous est donnée par Jésus chez Luc pour … nous remettre en place, à notre place, chacune et chacun. Et de sa place, la croyante ou le croyant a des devoirs et… un droit : faire ce qu’il ou elle a à faire. Ni plus ni moins, sans regarder si l’herbe du voisin est plus verte, le compte en banque plus plein, la maison plus grande… L’un des commandements de Moïse était bien trouvé : « Tu ne convoiteras pas le bien d’autrui ! » Et pour cause…

Qui plus est, demeurons lucides : « Des serviteurs inutiles, qui ne servent à rien », dit le texte. Honnêtement, trop de notre agir et de notre dire recherchent, souvent, parfois, des fois, même inconsciemment, l’approbation, l’affection, l’acquiescement d’autrui, pour se sentir…à notre place. Or, Jésus propose l’alternative la plus sûre : face aux hommes, ma place est toujours précaire, entre accueil et rejet – de gustibus non disputandum. Face à Dieu, si je me fie à Lui de manière progressivement absolue, jamais je ne serai déçu, tout en accomplissant ce qui m’incombe. Et pourrai danser de joie, à la fin du jour, pour dire : inutile, je suis, c’est-à-dire remplaçable ; mais confiant.e en Toi, un chouilla de plus, je deviens… Siméon l’a chanté : « Maintenant, tu peux laisser aller ton serviteur car j’ai vu ton salut aujourd’hui ! »

Thierry Schelling