Tout commence par un regard… celui de Jésus qui voit le détail. Avec un zest d’intuition. Et une dose de compassion, mais qui relève, pas qui enfonce par un possible misérabilisme…
Une «pauvre veuve». Jésus distingue dans la foule une pauvre femme, de surcroît veuve: elle doit donc être plus qu’isolée, plus qu’anonyme, plus qu’oubliée… et pourtant: elle accomplit le rituel du Temple. Elle fait comme tout le monde, dans le fond, avec ses propres moyens. Et devant la masse des «grosses sommes», elle n’a que deux piécettes. Elle veut passer aussi discrètement qu’elles, probablement. Mais Jésus les distingue, elle et elles…
Surtout, il discerne le cœur avec lequel elle les pose dans le trésor public. Elle met de son indigence, au contraire des riches qui mettent de leur superflu. Notez: Jésus ne discute pas des riches qui en mettent beaucoup: pas de jugement direct. De fait, ils donnent au Temple eux aussi, avec, certainement, des «mixed feelings»…
Au contraire de la veuve: elle donne de son indigence, un mot un peu désuet qui vient du latin indigens, qui est dans le besoin. Sans «mixed feelings» mais toute dévouée à accomplir ce qu’elle doit avec ce qu’elle peut…
Et Jésus défie les disciples et donc nous aujourd’hui : quelle différence cela fait-il de donner quand on a peu, quand on peut même se dire: je n’aurai plus assez pour demain, ou carrément: je n’aurai plus ceci ou cela désormais… que de donner parce que l’on a trop? Car dans le cœur, ces deux types de don travaillent différemment…
Thierry Schelling