L’Évangile a casa 64: Luc 14, 1.7-14

L’Évangile a casa 64: Luc 14, 1.7-14

Quand quelqu’un t’invite…

On pense au Jésus qui guérit, qui parle aux foules, qui harangue… mais moins au Jésus qui aime la bonne chère, le bon vin et la fête à table!

Et pourtant, le banquet, qui traverse les siècles, les cultures et les religions, est aussi une image du… Paradis. Qui l’eût cru? Elle est (étrangement) passée à la trappe. Or, Jésus fait bombance, il est invité, il participe à maints repas de fête (mariages, circoncisions, anniversaires…). Parce qu’humain, il aime s’alimenter, interagir, raconter des blagues ou au moins rire à celles des convives… Et à une fête, c’est l’amphitryon qui régale, et l’invité.e qui… trinque!

Quant à la hiérarchie, au rapport de force entre humains, même au cœur d’une fête, le dilemme se pose: demandez aux mariés combien de temps ils passent sur… le plan de table!!! Ahurissant!

Jésus se sert du repas de fêtes et de l’indispensable «plan de table» pour évangéliser: autour de l’autel, comme au ciel, entre nous baptisé.e.s, ce qui doit primer, c’est de prendre la place que l’on trouve, et de laisser faire le temps: «quiconque s’élève sera abaissé», et vice et versa… Le rééquilibrage se fera: non pas en fonction de la place occupée, mais… du «Mon ami!» lancé par «celui qui invite»: Oui, la plus belle place n’est-elle pas celle-ci, être appelé.e ami.e de l’invitant par excellence, qui est le Père?

Or, cette amitié se travaille. Et elle n’offre aucune prérogative si ce n’est la liberté intérieure de s’asseoir ici ou là. Et de se laisser appeler – vocare, en latin, qui a donné vocation! – par le Christ, le grand Invitant!

Et «pire», encore: si on attend un retour sur «investissement» – cela me fait toujours sourire de nous voir, nous, Helvètes, à nous rendre l’appareil côté invitation a casa –, alors on passe à côté du sens christique du rassemblement/repas (eucharistie ou miam miam à domicile): ce n’est pas la générosité qui est demandée, c’est la gratuité avec laquelle nous opérons…, la gratuité avec laquelle nous prions, venons à la messe, faisons communion… ou pas! Ou peu.

Thierry Schelling