L’Évangile a casa 71: Luc 18, 9-14

L’Évangile a casa 71: Luc 18, 9-14

Les apparences sont trompeuses… pour nous, les humains. Et entre nous. Et on se compare vite les un.e.s aux autres. Or, la comparaison tue l’amour.

Dieu ne compare pas, Il écoute le fond de nos intentions, de nos paroles; Dieu détecte la vraie motivation derrière tout acte de charité, de générosité, d’altruisme. Et une fois de plus – tout ce mois de novembre, les Evangiles de Luc nous mettent en garde contre le rabâchage dans la prière ! –, peu de mots vaut mieux qu’une flopée de paroles…

Ce qu’il y a de beau dans la démarche des deux hommes montant au Temple, c’est qu’ils croient tous les deux que Dieu va les écouter. C’est un bon premier pas dans la démarche de la prière en général et en particulier.

Mais ensuite, le «con…vaincu d’être juste» et qui «méprise les autres» se méprend, littéralement: il s’y prend mal. Au lieu de commencer par SA réalité lucidement, il ne parle de lui que par comparaison avec l’autre, qui plus est présent lui aussi au Temple, et pour la même raison: prier Dieu.

C’est vrai que cela aide, peut-être, à faire son mea culpa, si je regarde d’autres témoins de la foi qui peuvent m’inspirer la parole juste quant à mon état. Mais ce n’est pas la prière qui touche le cœur de Dieu. Ce n’est pas la prière tout court: c’est le championnat de qui est le plus beau, le plus juste, le plus fort aux yeux de Dieu,

Or, comme le conclut l’évangéliste, c’est Dieu qui rend juste dans le cœur de celle ou celui qui aura déposé dans sa prière – et de façon laconique – sa petitesse qui ne demande qu’à grandir. Redescendu dans sa maison, il est «devenu un homme juste». Parce qu’il sait que Dieu l’a entendu. D’ailleurs, sa prière – «Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis!» – n’est pas tant une demande directe qu’un cri global… avec ce quelque chose d’espérance positive, et donc de courage face à Dieu. Car à l’époque comme trop souvent aujourd’hui encore, on craint la réaction de Dieu, ou on Le craint tout simplement : on veut bien faire pour Lui plaire…

Dieu ne demande pas d’être «dragué»: Il veut la sincérité, la lucidité sur soi-même face à Lui, en miroir de Sa Parole de vie. Il veut que quoi que nous pensions de nous-mêmes, qui que nous croyons être, nous restions vrai.e.s au moins face à Lui. Et dans ce tête-à-tête, osions se dire en vérité. Alors c’est déjà Pâques pour nous: nous pouvons croire – et parfois même ressentir – que nous avons dit juste, et donc pouvons faire juste…

Thierry Schelling