L’Évangile a casa 73: Luc 21, 5-19

L’Évangile a casa 73: Luc 21, 5-19

Notre persévérance nous gardera notre vie, nous gardera en vie…

Ces longues tirades dans les Evangiles sont souvent conclues par la pointe de l’argument. Le descriptif apocalyptique – dans le sens de révélateur – décrit à la fois des faits passés – les premières décennies du Ier siècle pour les disciples de Jésus, nouveau «groupe religieux» apparu en Palestine – et nous est resservi en ces derniers dimanches avant le début d’une Nouvelle année liturgique.

Ils pourraient faire peur, ces textes: d’ailleurs, ils ont été brandis par maints prophètes de malheur qui exigent une conversion crasse de l’auditoire malingre et mal-croyant. Mais aujourd’hui, que nous livrent-ils à nous, qui sommes paisiblement au bureau, à la maison, dans un pays en paix – y compris en paix confessionnelle – et où le droit prévaut sur les potentielles manigances de religieux ambitieux?

On ne peut pas «jouer» avec les concepts de persécutions, destructions, guerres et conflits quand on est confortable: les Soudanais, les Pakistanais, les Indiens, les femmes, les minorités qui se disent chrétiens sont aujourd’hui, ce soir, en péril… Sans parler de la guerre russo-ukrainienne où les victimes comme les attaquants sont chrétiens…

D’un autre côté, même confortables, nous pourrions être démoralisés, désespérant du sort de frères et sœurs auquel seule notre incapacité sait répondre. N’oublions pas que le martyr est la plus complète forme de témoignage d’amour du Christ.

N’oublions pas que les frictions dues à notre appartenance chrétienne – d’où découlent des choix politique, économique, culturelle, familial… – sont «part and parcel», partie prenante, de notre vie chrétienne vécue vraiment. Sans masochisme, mais réalisme. Et c’est la persévérance, le surcroit de confiance en Dieu, en Sa Parole, en la présence du Christ ressuscité, en l’action de l’Esprit de Dieu dans chaque individu, qui sont les meilleures réponses «du berger à la bergère»…

Ignace de Loyola conseille qu’en situation de crise, il convient de ne rien changer et de s’en tenir à la relecture quotidienne succincte et objective de notre vie avec Dieu… et de patienter dans le silence. Faible «réponse»? Mais elle n’en est pas une: c’est une attitude qui nous est demandée de cultiver, non de résoudre les problèmes nocifs de notre humanité. Un lâcher-prise, presque… dans une modestie qui peut paraître légère. «Mais pas un cheveu de notre tête ne sera perdu.» Seule la foi, qui est confiance et amitié absolues en Jésus, peut l’affirmer. C’est aussi cela, être croyant.e…

Thierry Schelling