L’Évangile a casa 74: Luc 23, 35-43

L’Évangile a casa 74: Luc 23, 35-43

…et le peuple restait là à observer.

On imagine l’apathie des uns, le triomphe silencieux des autres, mais l’inaction de tous. Jésus crucifié, ce sont toutes les victimes de l’injustice humaine. Et nous passons sans les voir, souvent. L’omission consciente est un péché, disent les experts. Alors je suis grand pécheur.

Que l’indifférence devant ces victimes que je croise dans ma vie, dans ma vue, diminue, pour qu’augmente ma créativité à répondre à leur détresse…

…qu’il se sauve lui-même…

Tellement facile de trouver que «ces pauvres» sont «quand même» bien habillés, et ont «même des téléphones portables» (propos entendu dans le bus). Une autre «bonne» raison pour ne pas m’impliquer: j’ai fait mon dû, j’attends un retour? La générosité n’est pas synonyme de la gratuité: le Christ nous a enseigné la gratuité de Son amour, pas la générosité…

Et puis pour nous, c’est juste: après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons.

La religion, ma religion, fonctionne-t-elle encore sur le mode «donnant-donnant»? Sur la base du mérite après avoir «bien fait, bien agi»? Oui, c’est vrai, la religion est souvent synonyme de moralité, voire de moralisme.

Or, un roi crucifié, nu, sanguinolant, râlant, et condamné injustement a-t-il encore besoin de… morale? Non. Comme pour tout.e un.e chacun.e, il requiert un peu d’attention, de dialogue: c’est ce que le larron inaugure avec Jésus, une discussion, courte, et, on imagine, par hoquets puisque Jésus est en fin de vie, en fin de souffle… Mais même le coquin de méritant-un-châtiment entame du lien avec l’agonisant. Et cela lui sauve la vie!

Aujourd’hui, avec moi…

Toute ma prière (et c’est vraiment pour moi, Thierry, ainsi) se résume à cela: être aujourd’hui avec le Christ, et le Christ avec moi; L’inviter dans chaque recoin de ma journée, de mes pensées, et laisser Son esprit inspirer chaque geste et parole émis en ce jour – loin d’être un automatisme, je vous rassure, mais une bonne intention… Pour qu’aujourd’hui, je sois avec le Christ – c’est cela, le Paradis.

Thierry Schelling