L’Évangile a casa 80: Matthieu 4, 12-23

L’Évangile a casa 80: Matthieu 4, 12-23

Jésus déménage… de sa montagneuse Nazareth à l’inconnue et populeuse Capharnaüm.

Il rejoint le brouhaha de la ville, sa pluriculturalité, ses aléas, ses dangers, pour commencer à proclamer que «le Royaume des Cieux est tout proche».

Cela peut paraître plus facile de dire cela parmi les siens, non ? Eh bien… il n’a pas été reçu par les siens, justement, et Jean le Baptiste en a perdu la tête, à annoncer la venue du Messie ! Du coup, Jésus ne se dit-il pas: Allons au cœur de la vie chaotique de la «Galilée des nations» pour y planter notre tente !?

Etrangement, le mot Capharnaüm est passé dans la langue française comme étant synonyme de bazar, de bric-à-brac, de chenis, de désordre… Et c’est là que Jésus choisit de s’implanter. Tout comme les premiers chrétiens qui recevront leur appellation dans une autre grande ville portuaire et pluriculturelle, Antioche.

A croire que le ou la chrétien.ne est… urbain.e et appelé-e à «nager en eaux troubles» ! En tous les cas, destiné.e à vivre et à témoigner au milieu de la multiplicité des langues, cultures et religions !

Mais la modestie de Jésus ne s’arrête pas là: Il choisit des pécheurs pour l’accompagner ! Pourquoi pas des doctes, des scribes, des notables ? Non. Des pêcheurs, peu renommés pour…. mais dans le fond, ils sont plutôt renommés pour leur application au travail, leur infatigabilité, leur esprit d’équipe, leur espérance tenace, leur flair pour détecter poissons, courants et climat, bref… d’excellentes aptitudes pour… évangéliser !

Jésus ne s’y trompe pas: Il ne veut pas lancer un énième courant religieux avec des érudits aux arguments imbattables ! Il ne cherche pas à renverser les puissants en les combattant à armes égales. Il ne se propose que comme enseignant, proclamant l’Evangile et guérissant les malades: les trois tâches de ce qui deviendra l’Eglise, le peuple de Ses appelés, dont les premiers ont été des pêcheurs.

Oui, on l’oublie, mais devenir chrétien.ne, ce n’est pas seulement en pratiquant le dimanche («proclamer l’Evangile»), c’est tout autant enseigner (donc se familiariser avec la Parole de Jésus, la Personne de Jésus…) et soigner les souffrants (on résume cette tâche sous le beau vocable de «diaconie», service). Paris ne vaut pas une messe, mais passer du temps seul à seul avec la Parole du Christ à la décortiquer, et/ou visiter un malade, un prisonnier, revêtir un nu, donner à boire à un assoiffé, nourrir un mendiant (tiens, cela me rappelle le chapitre 25 de Matthieu !!), vaut bien… une messe ! C’est mettre l’eucharistie en pratique…

Thierry Schelling