Trois si… Trois conditions que présente le diable à Jésus. Trois réalités où l’humain tombe mal, facilement: l’immédiate satiété, la manipulation de la religion et l’ambition personnelle…
Si tu as faim, exige que ce que tu trouves alentour te serve d’aliment… Rassasie-toi tant que tu en as les moyens; fais de ce que tu trouves, même une pierre, un objet de ta satisfaction… Tout tout de suite, et répéter inlassablement l’expérience de la satiété, source – erronée ! – d’équilibre. Sans plus relire ce que je dis et fais, ce que je dis et fais d’autrui, ce que je dis et fais à autrui… pourvu que je sois moi satisfait… Dommage, car cette fuite en avant par un remplissage trompeur ne fait qu’alourdir l’allure vers la vraie satiété: se nourrir l’esprit tout autant que le corps, sans démesure non plus, mais tout aussi régulièrement – au compte-goutte – afin d’avoir toujours à dépendre d’un Autre pour être satisfait… car la Parole de Dieu a cela d’irremplaçable qu’elle reste unique dans son effet dans le cœur de qui l’accueille infatigablement comme source de vraie vie, celle qui dure, et donc satisfait durablement…dans une sobriété époustouflante.
Si tu pries Dieu, c’est bien. Si tu négocies avec Dieu, en pariant, en misant, en tentant même Dieu avec des promesses financières ou morales, tu vas glisser dans le mercantile insupportable de la religion … synonyme d’anti-religion, c’est-à-dire celle qui trahit la beauté et la liberté d’entretenir ce lien unique avec Dieu (le sens du mot religion est relier) pour en faire un négoce pour tes anorexies, tes anxiétés, tes peurs. S’en suit le carnaval des babioles et autres fétiches, où tout l’arpège céleste est convoqué tour à tour dans un championnat pour tester qui réussit le mieux à me répondre… Dommage, car cette perversion de la religion que le Christ a dévoilée, et qui semble encore si ardemment pratiquée par des générations de baptisé.e.s, est…. le début de la fin. Or le Christ ne s’achète pas (ni ne se vend), il se déguste comme un ami qui s’offre à moi à chaque instant de ma vie, gratuitement… dans une sobriété réconfortante.
Si tu veux réussir dans la vie, c’est louable et certainement motivant. Si tu manipules autrui, manigances et trames mille et un traquenards pour y arriver, plus rude sera la chute! Tu ne peux rien de vraiment humain sans les autres; mieux, tu ne peux te réaliser pleinement humain qu’au service des autres. Et tout ce qui a été créé sur la terre est instrument pour louer, aimer et servir Dieu (paraphrase du Principe et Fondement selon Saint Ignace de Loyola). Ta véritable ambition ne peut se bâtir qu’en écho au Sermon sur la montagne, et aux recommandations du chapitre 25 de Matthieu… dans une sobriété consolante. Il faut bien 40 jours pour s’attaquer à l’une ou l’autre de ces tentations dans notre existence, non?
Thierry Schelling