L’Évangile a casa 91: Jean 10, 1-10

L’Évangile a casa 91: Jean 10, 1-10

Le berger, les brebis, l’enclos, la porte… L’image d’un mas, d’une fermette alpine ou d’un bercail s’impose à notre esprit en lisant les bucoliques propos de Jésus. Ce dimanche est appelé «du Bon Pasteur» puisque c’est le titre général de cette péricope – Bon Pasteur.

Le «pasteur» n’est pas seulement le ministère du culte protestant, mais avant tout le guide d’ovins. La crosse des évêques catholiques, anglicans et orthodoxes rappellent qu’ils et elles sont évêques, épiscopes, surveillants, gardiens du troupeau, ayant comme modèle Jésus «le bon pasteur».

«Bon»? Attention, mot piège: Jésus n’est pas gentil mais bon! Nuance de taille… En effet, sa bonté en tant que berger, se révèle dans son comportement pleinement humain: en colère contre les hypocrites, fatigués des mous, attendri par la nature, éploré à la mort d’un ami, soucieux de ruser avec les «plus-religieux-que-Dieu» de son temps, insultant envers certains (oui, oui, «renard» lancé contre Hérode est bien un gros mot de l’époque, équivalant à notre …onnard!)… Bref, un humain, quoi! Pleinement. Loin du «gentil Jésus» de certains catéchismes surannés…

Quant aux brebis, malgré leur docilité parfois extrême (rappelez-vous Panurge !), lions cette métaphore (je préfère de loin les chèvres aux brebis parce que plus futées !) au long discours sur le mouton, la brebis, l’agneau, dès les premiers sacrifices dans l’Ancien Testament, en passant par les futurs prophètes ou rois qui ont été élus alors qu’ils «gardaient les troupeaux», pour finir avec Isaïe et l’agneau de l’abattoir, image évoquant le chemin de souffrance libératrice d’un innocent mort par amour pour moi.

Tout comme le ferait un berger d’animaux domestiques victimes d’ours ou de loups, voire d’extrémistes de la cause animale: la bergère ou le berger donnerait sa vie pour son bétail, tellement les liens liés de par et d’autre sont vivifiants.

Invitation à intensifier notre intimité avec le Christ, à qui tout dire, à qui tout soumettre – passage, porte indispensable de notre évolution – et de qui attendre les dons de la vraie liberté – «il pourra entrer (et) sortir (de la bergerie) –, la vraie nourriture – sa parole, verte comme un pâturage –, la vraie vie «en abondance»… La condition? Apprendre à discerner sa voix dans le brouhaha intérieur et extérieur de nos quotidiens bien éloignés du calme montagneux. Car le berger ne cesse de nous faire entendre sa voix… Pour Marie Madeleine, il a suffit qu’il prononce son «Marie» pour qu’elle ressuscite!

Thierry Schelling