L’Évangile a casa 92: Jean 14, 1-12

L’Évangile a casa 92: Jean 14, 1-12

Thomas et Philippe, même si disciples de Jésus de son vivant, n’ont pas tout compris! Et Jésus, loin de s’agacer, les reprend…

Thomas, lui, ne sait pas où Jésus va, et donc, logiquement, demande où est le chemin… Philippe, lui, veut aller à l’essentiel – «Montre-nous le Père, cela nous suffit!» – et n’a donc pas compris qui était Jésus fondamentalement…

Deux exemples très … modernes de partager son doute quant au rôle et à la place de Jésus dans notre vie. Thomas est très pragmatique – «si je ne mets pas mes doigts dans les marques des clous…» – mais reste prudent quant à l’issue du départ de Jésus de devant ses yeux. Il a bien compris que Jésus va partir, mourir… mais n’entrevoit pas l’étape suivante, irrationnelle quelque part (revenir et vous emmener avec moi…). Puisqu’il ne voit pas, il doute, il questionne.

Philippe, lui, était un peu comme les disciples d’Emmaüs: il a marché au côté de Jésus «si longtemps» sans voir vraiment qui il était: plus qu’un prophète, un thaumaturge, un révolutionnaire politique ou que sais-je. Mais dans l’absolu service d’être LE révélateur d’un Dieu Père de tous. Un religieux, Philippe, mais encombré et désireux d’un raccourci, dans le fond, quant à l’identité de Jésus.

Tous les deux connaissent sans connaître, voient sans voir, comprennent sans comprendre. Ils sont de vrais exemples de ce que «devenir disciple» de Jésus implique: questionner, faire le point sur ce qui passe et ne passe pas avec Jésus, et le lui dire. C’est déjà la prière.

Et on les comprend: cela a dû être dur d’associer toujours le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Noé et de Moïse, de David et de la Torah, des prophètes et des martyrs dits d’Israël (les fameux Macchabées), dont la caractéristique principale était «no image!», avec ce Jésus marchant et vivant à leurs côtés jour et nuit. Mourant sur une croix et ressuscitant le troisième jour. L’associer à cet homme…

Jésus révèle Dieu comme Père, et montre le chemin – le service, le passage (=la Pâques) pour qui L’aime et veut Le suivre – par la parole et les actes, les œuvres comme dit Jean. Et quelle promesse: «Qui croit en moi fera les œuvres que je fais!» Mieux encore: «Il en fera de plus grandes»!!! Comment est-ce possible? Cela m’interloque toujours… pas vous?

Thierry Schelling