L’Évangile a casa 95: Jean 3, 16-18

L’Évangile a casa 95: Jean 3, 16-18

En un mot, cet évangile – qui fait un écho certain avec la Première lecture (pour une fois que je vois le line !) – se résume ainsi: CONFIANCE. Confiance de l’homme en Dieu (en l’occurrence, de Moïse dans le Seigneur Yahwé), et confiance de Dieu en l’humain: «Dieu a TANT aimé le monde qu’Il a donné Son propre Fils…»

Seulement une personne pleine de confiance en l’autre peut confier la pupille de ses yeux, la chair de sa chair, son avenir et son présent qu’est un fils, une fille, sans vivre ce que le verbe lui-même traduit: con-fier. Se fier à, mutuellement.

On a pourtant tellement opposé le monde à Dieu, l’Eglise aux autres (religions, peuples, nations…), les catholiques aux protestants, les hommes aux femmes… Or, l’Esprit de Dieu – celui de la Pentecôte qui continue depuis 2000 ans – rassemble la variété que nous sommes, la diversité que nous représentons, sans effacer en rien ces réalités, dans un concert d’harmonies… à définir encore et encore. Mais dans un ensemble. Et le lien ne sera ni politique, ni idéologique, ni économique ni culturel, ni religieux mais … de l’ordre de la confiance : ce que chaque être vivant possède et qui s’appelle un cœur, un esprit, une âme (on a là aussi divers mots pour la même chose !).

Baser notre culte, notre adoration de Dieu, notre service de l’autre uniquement sur la confiance est à la fois fragile et à la fois beau – et donc difficile tant il est vrai que l’humain est versatile, narcissique et/ou égoïste….

Justement: la Trinité nous en délivre. De notre versatilité, en nous rappelant que Dieu est toujours avec nous, toujours ! De notre narcissisme, en nous décentrant de nos nombrils, de nos réussites-échecs, en nous pointant le doigt sur le Dieu trois fois saint et en l’adorant LUI (ELLE?). De notre égoïsme, car Christ est le modèle absolu et adulte d’un altruisme mesuré et sincère, édifiant et lénifiant, jamais gnangnan ni mièvre, toujours «en vue de» – un service utile, donc, et qui mène plus loin: à ce que l’autre puisse à son tour grandir et gagner en … confiance, pour se laisser aimer et aimer à son tour «comme Dieu nous a aimés»…

Et comme la 2e lecture le suggère, «on sera dans la joie, la paix et la concorde». Oh, mais de manière statique et perpétuelle, non, mais de manière vivante, et donc fluctuante, mais en apprenant à se décentrer pour porter son regard, son cœur, ses mains, son intelligence, sa foi envers autrui et Dieu, envers Dieu et autrui, variablement. Fluctuat nec mergitur!

Thierry Schelling