«Désemparées et abattues»… voilà comment Jésus considère les «brebis sans berger». Il est vrai que si la tête manque, le corps risque de partir à vau-l’eau… Le corps physique, lui, ne survit de toute façon pas après une décapitation!
Le corps des fidèles, l’assemblée des croyant.e.s, l’Eglise – pour le résumer – est organisée. Comme un corps, avec ses membres. Chacun.e à sa place: le bras n’est pas le pied, l’œil n’est pas le genou…
Or, la tête de l’Eglise, c’est le Christ, présence invisible et efficace du Père, dans l’Esprit. Ce même Christ s’incarne, pour ainsi dire, en chaque baptisé.e, et est appelé.e à faire «Corps du Christ». Ainsi, nos vocations, charismes, dons, sont comme des parties du corps: et on ne peut pas demander aux baptisé.e.s de tout savoir et pouvoir faire. Il en va du respect des charismes. Et le prêtre est un parmi ses membres. Saint Augustin a eu une géniale formulation (souvent tronquée, d’ailleurs): « »Si ce que je suis pour vous m’épouvante, ce que je suis avec vous me rassure. Pour vous en effet, je suis l’évêque; avec vous je suis chrétien. Évêque, c’est le titre d’une charge qu’on assume; chrétien, c’est le nom de la grâce qu’on reçoit. Titre périlleux, nom salutaire. » Tout est dit.
L’ordonné qu’est le diacre, le prêtre ou l’évêque, est d’abord un… chrétien, avec la grâce que l’on reçoit au moment du baptême d’être prêtre, prophète et roi. A l’image et à la ressemblance du Christ, mais dans la réalité de sa personnalité, caractère, dons et limites. Or, on exige TOUT du prêtre qui n’est pas plus doué qu’un autre. Mais qui est appelé, formé, choisi, ordonné sans ôter qui il est fondamentalement: un chrétien d’abord. Et cela ne pourra jamais lui être enlevé – au contraire de son presbytérat!
A lui revient la tâche de repérer les charismes, les dons, les disponibilités des membres de la communauté, pour les inviter à se mettre au service de la MISSION! Mais comme c’est dur de partager cette mission… Pourtant, le leitmotiv n’est pas de recruter, racoler, séduire, acheter l’autre pour qu’il ou elle rejoigne le Corps. «Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.»! La mission n’est pas d’abord stratégie et calculs pour faire du chiffre; elle est témoignage de ce que chaque baptisé.e croit, reçoit, vit. Gratuitement. C’est ainsi qu’on laisse la place à l’Esprit Saint pour agir dans le cœur et l’esprit de qui nous entend, nous côtoie, nous écoute… La mission, c’est un partenariat à trois (au moins): le ou la baptisé.e, l’Esprit, et autrui…
Thierry Schelling