Donner et recevoir, à la mesure de notre largesse, ou pusillanimité!
L’accueil, l’hospitalité, valeur-clef dans les récits bibliques, et dans la vie du Christ, sont mis en scène pour ainsi dire, dans la Première lecture, et théorisés dans l’Evangile. En effet, on y trouve toute une série de comparaisons: «qui ne hait pas son père = n’est pas digne de moi», «qui ne prend pas sa croix = n’est pas digne de me suivre», etc. Et, en positif (sans ne…pas), «qui accueille un prophète = récompense de prophète», etc.
Mais au cœur de l’extrait, il y a cette fabuleuse déclaration de Jésus: «Qui vous accueille m’accueillie, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.» D’ailleurs, si l’on plie la page de cette péricope en deux, la pliure tombe sur cette «substantielle moëlle» évangélique… C’est dire si elle est centrale.
En effet, suivre le Christ, c’est faire des choix: des non et des oui. Les non sont radicaux: ils concernent la famille (père, mère, fils, fille), et culminent dans la croix, symbole de la souffrance, de la persécution, de la méchanceté humaine. Oui, qui veut suivre le Christ, doit régulièrement choisir entre ce qu’il ou elle a de plus précieux, et ce qu’il ou elle souhaite éviter. Autrement dit, suivre le Christ consiste à serpenter (sans jeu de mots) entre le meilleur et le pire de mon existence pour toujours mettre le Christ au centre, devant, inspirateur premier et ultime – car c’est Lui le Sauveur, et pas mon clan ou mon martyre!
Quant aux oui, ils se conjuguent autour de la notion d’accueil: prophète, juste, assoiffé. Comme si Jésus nous invitait à regarder au-delà du familier et de la souffrance inhérente au fait de vivre, et zyeuter ces personnes – car ils ne donnent comme exemples que des personnes! – que l’on peut qualifier de prophètes, de justes, ou d’assoiffés.
Les prophètes d’aujourd’hui passent moins dans les médias qu’ils frappent aux portes de notre quotidien: ce sont ces personnes qui remettent les pendules à l’heure (métaphoriquement), au détour d’un échange, d’un écrit, d’une présence, et qui (me) font me réorienter si nécessaire.
Les justes d’aujourd’hui s’identifient avec ces personnes qui, amicalement et fermement, m’expliqueront en quoi je déraille – tout le contraire des colporteurs de commérages qui chuchotent dans votre dos!
Les assoiffés d’aujourd’hui sont ces personnes qui demandent, quémandent, réclament «juste un verre d’eau», mais sans insistance et parfois très indirectement, de l’attention, de l’écoute, de la présence silencieuse de notre part – et qui diront merci sans que nous n’ayons parfois pipé mot!
Que cette dernière avant le break estival nous encourage à cheminer au rythme plus apaisé de vacances méritées…. Et au plaisir de se lire à la rentrée scolaire!
Thierry Schelling