Qui est mon maître ? – 25ème dimanche ordinaire

Qui est mon maître ? – 25ème dimanche ordinaire

Sur Marc 9, 30-37

“Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.”[1] A entendre l’Evangile ce matin, nous pourrions être tentés de desespérer de ces disciples incapables de recevoir les paroles du Christ et qui préfèrent se réfugier dans les cogitations de leur petit moi. Jésus leur annonce sa passion et sa résurrection et ils discutent entre eux d’une question futile. J’en conviens, le tableau peut paraitre affligeant.

Mais je me demande, si j’avais été parmi les disciples, ce jour là, quelle aurait été ma disponibilité, mon ouverture de coeur, pour recevoir une annonce aussi radicale – arrestation, mise à mort, résurrection ? N’aurais-je pas moi aussi chercher une échappatoire en cédant aux illusions de mon ego ?

Aussi, ne jetons pas trop vite la pierre à ces hommes qui, il y a deux mille ans, ont choisi de mettre leurs pas dans ceux du Christ. Ils ont pour cela eu l’immense courage de quitter maison, famille, travail, et j’en passe. De plus – et toujours à leur décharge – prendre la mesure de ce que le Christ est entrain de leur annoncer est tout simplement hors de portée de l’entendement humain. Cette réception ne peut se vivre que dans le Souffle, le Souffle saint. Aussi, portés par l’Esprit saint, il va leur falloir encore du temps pour consentir et entrer dans la dynamique de cette annonce; et peu à peu pénétrer le mystère de Pâques. Sur ce chemin de maturation divine il s’agira de prendre le risque de vivre non plus seulement des déplacements géographiques avec le Christ mais aussi et surtout des déplacements intérieurs, pour plonger et descendre vers leurs profondeurs. Cela fut le chemin des disciples il y a deux mille ans, cela est notre chemin aujourd’hui. Chacun.e selon son propre rythme. Et ce chemin n’est jamais fini.

Il me semble que la grande invitation des lectures de ce dimanche est de quitter une vie de surface, sous le règne de l’ego, pour plonger et contacter le niveau de l’Être, là où Dieu se tient, là où Dieu nous attend, là où Dieu nous espère. Contacter le niveau de l’Être et se placer sour l’autorité du Maître intérieur, sous l’autorité de JE SUIS.

La logique de l’Être nous donne de nous inscrire dans le désir de Dieu. La logique de l’ego nous maintient captifs de nos désirs. Aussi, là où nous rêvons de grandiloquence et de primauté, le Christ nous libère de la captation en ouvrant l’espace du tout petit en nous.

A tous nos décentrements, à chacune de nos désorientations, à chaque fois que nous nous égarons, inlassablement, avec une patience et un amour infinis, Dieu revient nous chercher, pour nous réorienter, pour nous réajuster; à qui nous sommes, vraiment, fondamentalement et nous remettre à nouveau dans le grand mouvement de la Vie et du Vivant.

Alors n’oublions jamais que dans l’espace infini de notre intériorité, là où a été déposé tout notre potentiel de fils et de filles de Dieu, se tient aussi, tout proche du Maître, cette part de l’enfant, cette part du tout petit en nous. Et il semble bien que ce soit par cette brèche, d’innocence, de désir filial, de disponibilité et d’émerveillement, que Dieu passe pour venir nous illuminer.

Christine Lany Thalmayr


[1]   Mc 9, 34