Quitter et marcher – Dimanche du migrant

Quitter et marcher – Dimanche du migrant

Sur Marc 9, 38-48

Avez-vous déjà marché en montagne avec un enfant ? Ou un adolescent ? Ils sont souvent difficiles à motiver : marcher, sous le soleil, un sac sur le dos… Il faut les faire avancer, leur faire mettre un pied devant l’autre.

Mais comment ? 

La promesse d’une tarte à la myrtille à l’arrivée, une corde attachée au sac avec laquelle on les tire, ou une belle histoire que l’on raconte tout au long du sentier. Ils oublient alors l’effort, découvrent la beauté du paysage ou la silhouette de la marmotte. Et souvent, à la fin de la promenade, ce sont eux qui nous devancent et partent crier au gardien du refuge qu’on arrive. Oui, je pense que nous avons tous en mémoire certaines de ces journées où on a marché ensemble, en famille ou entre amis, dans la joie et les difficultés des denivelés ou des kilomètres.

Aujourd’hui en cette 110ème journée mondiale du migrant et du réfugié, le pape François a voulu aussi nous rappeler que « Dieu marche avec son peuple ». Dieu ne nous abandonne pas sur ces chemins escarpés de montagne ou d’ailleurs, Dieu aide chacun d’entre nous, à avancer.

Mais comment ?

De nombreux récits illustrent son propos dans la Bible. Moïse en sait quelque chose. C’est lui qui fut chargé de sortir le peuple d’Egypte et de le conduire à travers le désert. Un peuple qui râlait, avait faim, avait soif, fabriquait un veau d’or à la moindre hésitation. Pour Moïse, il fallait trouver des moyens de le faire avancer : la manne, la source, l’alliance avec Dieu. Ainsi, Dieu n’a jamais cessé d’accompagner son peuple, d’accompagner chacun d’entre nous, dans son périple de vie.

Mais comment ?

Récemment, un jeune camerounais me racontait son trajet : le danger dans son pays, la fuite, les insultes en Turquie, la traversée de la mer Méditerranée, ses 2 ans dans un camps sur l’île de Samos, son arrivée sur Genève. Il me disait : « la prière tient une grande place dans ma vie. Dans les difficultés, lorsque j’ai été trompé ou battu, le Seigneur m’a aidé. J’ai pardonné toutes les douleurs que j’ai pû endurer. » Et il concluait : ce qui m’a aidé, c’est la foi et le pardon ».

Récemment, je discutais avec une jeune femme du Congo. Elle aussi a dû fuir précipitamment son pays, confiant sa fille adolescente à une cousine. Après 2 ans sur Genève, elle est toujours en attente d’une décision sur sa demande d’asile et ne peut pas faire venir sa fille auprès d’elle. Elle me disait : « Dieu m’aide forcément puisqu’il m’a conduite jusqu’ici. » Elle me répétait : « c’est dur, Virginie, tu sais, ne pas savoir… ». Et elle concluait : « ce qui m’aide, c’est la foi et la patience ».

Récemment, je partageais un verre avec une personne originaire d’Angola. Déboutée et renvoyée une première fois, elle était revenue sur Genève et son avocat, grâce à de nouvelles preuves, avait obtenu la suspension d’un second renvoi. Très volontaire, elle avait suivi de nombreuses formations pour travailler dans l’hôtellerie. A force de recherche et de courrier à l’Office Cantonale de la Population et de la Migration, elle avait trouvé un travail et obtenu une autorisation de travail. A présent, elle espérait pouvoir présenter un dossier de demande de régularisation dans quelques années. Et elle concluait : « Dieu ne m’abandonnera pas. Ce qui m’aide, c’est la foi et la ténacité’ ».

Enfin récemment, j’écoutais un jeune venu de Guinée. Sur le chemin vers la Méditerranée, il a été attaqué, laissé pour mort et recueilli par un berger qui l’a soigné jusqu’à ce qu’il puisse repartir (est-ce que ce récit vous en rappelle un autre ?). Arrivé à Genève, il est abandonné par ses compagnons de voyage et se retrouve seul près de la basilique Notre-Dame. Pendant 3 jours, malade, il reste assis dans un abribus, ne sachant à qui demander de l’aide. Au bout du 3ème jour, un homme qui l’avait remarqué, vient le voir et lui demande ce qui lui arrive. Cet homme va le conduire dans sa voiture jusqu’au Centre Fédéral d’Accueil de Boudry, près de Neuchâtel, pour qu’il y dépose sa demande d’asile ; puis il va disparaître. Ce jeune, lui, me répète : « ce qui m’aide, c’est la foi et les gens que Dieu met sur ma route ».

La foi et le pardon, la foi et la patience, la foi et la ténacité, la foi et les rencontres… Comme deux jambes sur lesquelles m’appuyer pour avancer. En cette journée du migrant et du réfugié, nous pouvons chacun nous demander : comment est-ce que Dieu m’accompagne sur mon chemin personnel de migration, de déplacement ? Quelles sont ces deux jambes sur lesquelles je peux m’appuyer ?

Virginie Hours